BFMTV (avec AFP) pour L’Express, publié le 15/06/2018
Paul Manafort, ancien chef de campagne de Donald Trump, a été placé en détention vendredi. Il est accusé de tentative de subornation de témoin dans l’enquête russe.
Une juge fédérale à Washington a révoqué vendredi la liberté conditionnelle de l’ex-chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, accusé de tentative de subornation de témoin dans l’enquête russe, que le président a jugé ce même jour « totalement discréditée ».
Le lobbyiste a été placé en détention à l’issue d’une audience au cours de laquelle son avocat a demandé en vain un contrôle judiciaire plus strict qui lui aurait permis d’éviter la prison. Paul Manafort est le premier membre de l’équipe de campagne du milliardaire à être écroué. Jusqu’à ce vendredi, il était assigné à résidence, dans l’Etat de Virginie voisin de la capitale, et forcé de porter un bracelet électronique.
Une victoire pour le procureur spécial Robert Mueller
« Wow, quelle peine sévère pour Paul Manafort, qui a représenté Ronald Reagan, Bob Dole, et beaucoup d’autres hauts responsables politiques et campagnes. Je ne savais pas que Manafort était à la tête de la Mafia », a réagi le président par tweet, alors que Paul Manafort n’a pas été condamné.
Wow, what a tough sentence for Paul Manafort, who has represented Ronald Reagan, Bob Dole and many other top political people and campaigns. Didn’t know Manafort was the head of the Mob. What about Comey and Crooked Hillary and all of the others? Very unfair!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 15, 2018
Cette décision de la juge fédérale représente une victoire pour le procureur spécial Robert Mueller, qui soutenait que l’incarcération de l’ex-chef de campagne de Donald Trump était nécessaire afin qu’il n’influence pas des témoins à son procès à venir. Elle intervient quelques heures après que le président des États-Unis a estimé que la crédibilité de l’enquête sur l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016 était largement sapée par un rapport officiel rendu public jeudi.
Un rapport met en cause l’ancien chef du FBI
Ce rapport critique « l’insubordination » en 2016 de James Comey, l’ancien chef du FBI limogé plus tard par Donald Trump, et indique que certains agents fédéraux ont laissé paraître leur hostilité envers le magnat de l’immobilier. Il valide en revanche la décision de James Comey de ne pas poursuivre la candidate démocrate Hillary Clinton, rivale de Donald Trump, pour ses emails envoyés d’un serveur privé.
Exigeant ardemment que Robert Mueller clôture son enquête qui empoisonne sa présidence, Donald Trump a exploité vendredi les révélations concernant James Comey et le FBI, révélant selon lui un « film d’horreur ». Le rapport « est un désastre total pour Comey, ses sbires et, tristement, le FBI. On se souviendra officiellement de Comey comme du pire chef, de loin, de l’histoire du FBI. J’ai rendu un fier service à la population en le virant », a-t-il tweeté.
Mails de Hillary Clinton : un rapport reconnaît l’ex-chef du FBI fautif mais impartial
Ce rapport, présenté comme susceptible d’être une bombe politique, portait sur la façon dont l’ancien chef du FBI James Comey a géré l’enquête sur les mails de Hillary Clinton.
C’était un rapport très attendu. Un texte de 500 pages donnant ses conclusions sur la manière dont l’ancien chef du FBI James Comey a géré l’enquête sur les mails de Hillary Clinton.
Son auteur : l’inspecteur général Horowitz, qui dirige un organe indépendant traquant d’éventuels abus au sein du ministère de la Justice et des agences en dépendant, censées être apolitiques. Voici ses conclusions.
Que dit ce rapport ?
Le rapport de Horowitz affirme que l’ancien chef du FBI James Comey s’est affranchi des règles en supervisant l’enquête sur Hillary Clinton avant la présidentielle de 2016, mais s’est montré impartial en excluant de poursuivre la candidate démocrate.
« Nous n’avons trouvé aucune preuve montrant que les décisions des procureurs ont été influencées par des partis pris ou d’autres considérations déplacées », écrit l’inspecteur général Michael Horowitz, qui relève par ailleurs que Comey s’est montré « insubordonné ».
Comey avait été un personnage-clé de la campagne présidentielle. Dans une conférence de presse surprise en juillet 2016, il avait notamment recommandé de ne pas poursuivre Clinton sur ses emails envoyés avec un serveur privé, tout en notant que l’ex-secrétaire d’Etat avait fait preuve d’une « extrême négligence ».
Donald Trump, une fois élu, l’avait finalement limogé en mai 2017.
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Est-ce un désaveu pour Trump ?
Depuis la campagne présidentielle de 2016, le président Trump ne cesse d’affirmer que les démocrates se sont alliés avec des éléments du FBI pour tenter d’aider Hillary Clinton à remporter la Maison-Blanche. Or si le rapport montre que Comey s’est montré « insubordonné », il conclut aussi qu’il n’a pas cherché à favoriser l’un ou l’autre candidat.
En revanche, une petite phrase entre deux agents du FBI, par ailleurs amants, ayant travaillé sous les ordres de Comey, est soulignée par le rapport et pointe une « volonté d’agir officiellement pour affecter » les chances de Trump d’être élu président.
Ces deux fonctionnaires sont la juriste Lisa Page et l’enquêteur Peter Strzok. Ils auraient échangé à propos du candidat républicain. Trump « ne va jamais devenir président, n’est-ce pas ? », avait demandé dans un email Lisa Page. « Non. Sûrement pas. Nous l’en empêcherons », avait répondu Peter Strzok.
Comment ont réagi les personnes concernées ?
Le rapport « confirme les soupçons du président sur la conduite de M. Comey et les préjugés de certains membres du FBI », a commenté Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison-Blanche.
Sur son compte Twitter et dans une tribune distincte publiée jeudi par le New York Times, James Comey a, à l’inverse, défendu ses décisions prises dans un « contexte extraordinaire », au nom de la transparence. « Les conclusions (du rapport) sont acceptables, même si je suis en désaccord avec certaines d’entre elles », a-t-il commenté.