Mohamed Salah ne s’attendait sans doute pas à vivre une saison 2017-2018 aussi exceptionnelle, au point d’être mi-juin un candidat plus que crédible au podium du Ballon d’Or. Arrivé blessé en Russie suite à sa blessure à l’épaule lors de la finale de la Ligue des Champions contre le Real Madrid le 26 mai dernier, il n’a pas disputé le premier match de l’Égypte vendredi contre l’Uruguay (défaite 1-0). Pour le second round, face à la Russie, le joueur de 26 ans est annoncé prêt à 100%. Il le faudra bien pour aider les Pharaons à se qualifier pour les huitièmes de finale, étape qu’ils n’ont jamais atteinte dans leur histoire en Coupe du Monde. Un défi à la hauteur de son statut, celui d’une idole pour toute une nation.
Depuis son arrivée en Europe, au FC Bâle, Salah a toujours eu une certaine popularité, qui n’a cessé de croître au fur et à mesure de sa progression en club. Chelsea, Fiorentina, Roma et enfin Liverpool où il a pris une toute autre dimension cette année. Avec ses 42 buts toutes compétitions confondues, il a affolé les compteurs, se rapprochant des standards affichés par les meilleurs. Un rendement qui a encore plus contribué à asseoir sa notoriété au pays des pyramides, même si Salah avait déjà su être un héros en octobre dernier. Contre le Congo, il avait marqué le penalty salvateur à la 95e minute, permettant aux siens de retrouver une Coupe du Monde 28 ans après leur dernière participation.
« Il faut constamment examiner tout ce qui touche à Salah »
Au-delà des buts et des coups d’éclat, Mohamed Salah a aussi su s’impliquer auprès de sa population. Ces derniers mois, les articles ont proliféré pour recenser les gestes et dons de bienfaisance de sa part. Pour Mahmoud Diaa, journaliste égyptien à Goal, il faut bien vérifier les informations à ce sujet car de nombreuses personnalités, peu scrupuleuses, tentent de récupérer cette popularité à leur profit. « Rien n’est certain à ce sujet. Beaucoup de gens parlent d’aides diverses à des associations, comme la construction d’une mosquée, un soutien financier pour un mariage. Il faut constamment examiner tout ce qui touche à Salah car il déchaîne les passions. » À ce sujet, The Economist avait annoncé qu’un million d’Égyptiens avait voté pour Salah pour les dernières élections présidentielles en mars dernier. Rien d’officiel n’a pourtant été annoncé par la commission électorale basée au Caire.
Néanmoins, l’ailier des Reds a bien été un acteur prépondérant de plusieurs campagnes caritatives, notamment dans les domaines de l’éducation, de la religion et de la santé. Récemment, il est ainsi apparu dans un spot publicitaire pour interpeller les jeunes par rapport à la drogue et ses addictions. « Au-delà de ses prestations sur le terrain, c’est un vrai symbole d’unité nationale, affirme Mahmoud Diaa. Tout le monde attend chacun de ses matches, peu importe la religion, le sexe ou l’âge. » Ainsi, Liverpool est devenu en l’espace de quelques mois l’une des équipes les plus populaires du pays, rattrapant ainsi Barcelone et le Real Madrid.
Une vraie « Salahmania » s’est ainsi déclenchée, du Caire à Alexandrie en passant par Basyoun, son village natal situé à l’Ouest du Nil. Cet engouement s’exprime de plusieurs manières : les tee-shirts à son effigie se multiplient, vendus notamment près de la Place Tahrir, la plus grande du pays situé au Caire. Son visage, si reconnaissable avec ses cheveux frisés et sa barbe noire, vient embellir des murs et des cafés, comme s’il veillait au plus près de son peuple.
Un exemple pour l’Islam
Avec 95% de pratiquants, l’Islam est évidemment la religion majoritaire en Égypte. Fervent croyant, Mohamed Salah est cité comme un exemple à suivre par de nombreux imans dans le pays. Il possède même des relations privilégiées avec certains dignitaires musulmans. « La religion l’a bien sûr aidé au fil de sa carrière, insiste Mahmoud Diaa. Il est comme ça depuis le début de sa vie, et il était très proche de Mohamed Aboutrika qui est l’un des joueurs les plus religieux de l’histoire de l’Egypte. » Sur les bords de la Mersey en tout cas, il a déjà conquis les supporters des Reds qui ont rapidement adopté une chanson en son honneur « S’il met encore quelques buts, je veux devenir musulman aussi. (…) Assis dans une mosquée, c’est là que je veux être. » Une forme de consécration pour Salah, qui n’a jamais renié sa personnalité et sa religion malgré l’ascension fulgurante qu’il connaît depuis maintenant un an.