Par Hala Kodmani — 16 août 2018
Alors que le pouvoir refuse tout aide du FMI, le Qatar promet une aide de 15 milliards de dollars et Macron assure Erdogan du soutien de la France.
Des mots et des milliards au chevet de la crise financière turque
Après Angela Merkel la semaine dernière, Emmanuel Macron a apporté jeudi son soutien à la Turquie en pleine tourmente économique sur fond de crise diplomatique avec les Etats-Unis. Dans un entretien téléphonique avec son homologue turc, le président français a «souligné son attachement à une Turquie stable et prospère», et «assuré le président Erdogan du soutien de la France en ce sens», a confirmé l’Élysée.
La Turquie «émergera renforcée de ces turbulences», a clamé peu après le ministre des Finances turc à propos de la crise monétaire qui a fait plonger la livre turque la semaine dernière. S’adressant depuis Ankara à plusieurs centaines d’investisseurs étrangers au cours d’une téléconférence inédite, le ministre Berat Albayrak, par ailleurs gendre du président, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que le système bancaire turc était «solide», et promis que son gouvernement procéderait à des réformes structurelles, que les marchés réclament depuis des années. Ces déclarations ont été accueillies de manière positive par les marchés. La livre turque, qui reprend des couleurs depuis trois jours, a gagné jeudi plus de 3% en valeur face au dollar par rapport à la séance des changes précédente. Elle a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l’année.
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Assurant que le système bancaire turc était «solide», le ministre a promis que son gouvernement procéderait à des réformes structurelles, que les marchés réclament depuis des années. Il a toutefois affirmé qu’il n’y aurait pas de plan du FMI et déclaré se concentrer «sur les investissements directs de l’étranger». A la veille de cet appel, le Qatar avait promis 15 milliards de dollars (13 milliards d’euros) d’investissements à la Turquie. En ami fidèle et reconnaissant, l’émir Tamim ben Hamad al-Thani a accouru mercredi 15 août à Ankara auprès du président Erdogan. Il n’a pas oublié le soutien que lui a apporté la Turquie l’an dernier quand ses voisins arabes, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte avaient rompu tout lien diplomatique avec Doha. L’élan de solidarité est aussi venu des Qatariens, qui ont converti leurs riyals en livres turques.
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Face à Trump, qui lui a déclaré «la guerre économique», selon ses mots la semaine dernière, Erdogan a trouvé quelques mains tendues. Mais malgré le rebond de la livre turque ces derniers jours, les économistes restent préoccupés par la dispute entre Ankara et Washington, liée notamment à la détention d’un pasteur américain en Turquie, et par la mainmise d’Erdogan sur l’économie.