Ambre Godillon,Yahoo Sport
Entré dans un match fermé pour sa toute première apparition cette saison, Kylian Mbappé a ébloui de son génie. Qui pourra arrêter le génie français ?
On nous l’aurait raconté, qu’on ne l’aurait pas cru. Qui, pourrait prétendre aujourd’hui avoir décelé le génie d’un gamin de 19 ans, déjà au sommet du football mondial et assumant à merveille un nouveau rôle encore jamais atteint par un prédécesseur ? Le tout, dans les plus hautes sphères, où pullulent les talents, les précurseurs et les légendes…
Kylian Mbappé est différent, unique, épatant. À tous les niveaux.
Difficile d’ailleurs, après le premier déplacement du PSG sur la pelouse de Guingamp de se contenter d’une simple analyse footballistique, étriquée sur les statistiques infaillibles de l’attaquant parisien. Rassurez-vous, Kylian Mbappé est toujours à la hauteur. Quasiment toujours, même si les attentes placées en lui restent infiniment trop élevées pour l’enfant de Bondy.
Hier soir, dans un match fermé où les Parisiens souffraient face à des Guingampais bien plus inventifs et entreprenants, Thomas Tuchel a dû faire face à son premier couac. Mené et malmené à la pause, il a utilisé son atout n°1 pour se sortir du pétrin : faire entrer Kylian Mbappé.
Bingo, tout a changé : la physionomie du match, le rapport de force s’est inversé, les actions ont été plus rapides et collectives, les contres plus dangereux, et la confiance retrouvée. Vierge de tout match officiel depuis son titre en Coupe du Monde, Mbappé a prouvé qu’il était toujours aussi impitoyable. Le numéro sur les épaules a changé, lui (il endosse désormais le n°7) mais la pression est la même, les attentes sont décuplées, et sa facilité à gérer le tout semble toujours aussi désarmante.
Et voilà, que, mené 1-0 à la 45e minute, le club de la capitale a fermé le rideau en remportant 3-1 ce match mené d’une main de maitre par l’ancien monégasque.
Après avoir remporté le titre de champion de France il y a deux ans avec Monaco, Mbappé a géré à merveille un transfert que l’on estimait disproportionné. Il a digéré avec brio son repositionnement à un poste que tout le monde craignait, et avalait les polémiques autour de son prix. Il a soulevé un nouveau titre de champion de France un an après avec la tunique Rouge et Bleu, a grillé les étapes en sélection, et s’est retrouvé porte-drapeau d’une équipe tricolore sur le toit du monde. Désormais, il n’est plus celui qui doit prouver. Il est celui qui doit durer.
Vendredi, en conférence de presse, Thomas Tuchel avait d’ailleurs exprimé sa méfiance à ce sujet : « Il veut absolument jouer. Il a 19 ans, il a eu beaucoup de succès. Il a un incroyable talent et c’est un compétiteur. Je n’attends pas de lui un nombre de buts ou de passes décisives, j’attends plus en termes de développement personnel au sein du club. C’est dû au rôle pendant la Coupe du monde. C’est important pour nous de le guider et le plus important pour moi c’est de le faire progresser, de l’aider à gérer ce succès, de l’aider à continuer à avoir faim de travail et de titres. »
Hier soir, en état de grâce, Mbappé a déclenché la course qui a mené au penalty de Neymar, puis s’est fendu d’un doublé qui a permis aux siens de repartir le coeur léger et les trois points en poche. Comme si de rien n’était.
« Ma carrière commence, j’ai des objectifs très élevés donc je n’ai pas le temps de rester à glander. Le coach m’a donné une mi-temps, j’ai essayé d’être décisif et cela a marché. Il peut être rassuré, j’ai toujours envie de gagner », a sobrement rappelé le champion du monde.
Oui, le coach allemand était bien loin de s’imaginer que Mbappé ne s’alourdit guère d’une pression qui coule sur son maillot. Il est imperméable à ce que le monde attend de lui, et se contente d’être le meilleur. Simplement parce qu’il souhaite être le meilleur. Pendant le Mondial, le roi Pelé avait salué son héritier. Cette fois, c’est son coéquipier Neymar qui parle d’un « crack ». La boucle n’est pas bouclée, et le chemin vers un sacre, un Ballon d’Or, est encore loin. Et n’a jamais semblé si évident.
Une chose est sûre : la patte Mbappé a déjà de quoi faire trembler quelques concurrents, comme des dizaines de filets cette saison.