« J’ai un peu d’influence, pas de pouvoir. C’est une accumulation de déceptions », a expliqué le ministre de la Transition écologique à France Inter.
Le Point.fr
Modifié le 28/08/2018 à 10:02 – Publié le 28/08/2018 à 08:42 | Le Point.fr
Coup de tonnerre politique. Nicolas Hulot jette l’éponge. Las, après avoir maintes fois menacé de le faire, le ministre de la Transition écologique a décidé de quitter le gouvernement d’Édouard Philippe. Il l’a annoncé au micro de France Inter ce mardi matin. Cette décision ouvre une crise gouvernementale d’ampleur : il va falloir remplacer le numéro trois du gouvernement. Emmanuel Macron et Édouard Philippe en profiteront-ils pour faire un large remaniement ? « Je sais que ce ne serait pas forcément très protocolaire. C’est une décision entre moi et moi. Et je ne vais pas me mentir. Où sont mes troupes ? Qui est derrière moi ? » a lancé Nicolas Hulot.
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Cette décision, il l’a mûrie cet été, voire même durant « des mois » mais n’a pris sa décision que lundi soir. Et l’a annoncée ce mardi matin sur France Inter. « Je prends la décision de quitter le gouvernement », explique Nicolas Hulot à la radio. « J’ai un peu d’influence, pas de pouvoir […]. C’est une accumulation de déceptions, je n’y crois plus », ajoute-t-il, précisant qu’il n’avait prévenu ni le président Emmanuel Macron ni le Premier ministre Édouard Philippe. Le ministre de la Transition écologique a confié qu’il craignait, s’il avait prévenu le président et le Premier ministre, qu’ils ne le convainquent de rester au gouvernement. « C’est une décision d’honnêteté et de responsabilité », a-t-il déclaré.
Nicolas Hulot : « Je prends la décision de quitter le gouvernement » #le79inter cc @leasalame @ndemorand pic.twitter.com/MhRq7zEktM
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« La responsabilité est collégiale, collective, sociétale et j’espère que cette décision qui est lourde, qui me bouleverse, profitera non pas à des joutes ou à des récupérations politiciennes mais à ce que notre société se retrouve sur l’essentiel », plaide Nicolas Hulot. Et le ministre de la Transition écologique d’ajouter : « On me dit : prend ton temps, sois patient, mais ça fait 30 ans qu’on est patient, qu’on laisse les phénomènes se dérouler et ils sont en train de nous échapper […]. Je me suis surpris parfois par lassitude à baisser les bras. »
Nicolas Hulot : « Sur un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à m’accommoder des petits pas » #le79inter pic.twitter.com/bvCi9g7JSv
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« Emmanuel Macron qui n’a cessé de le manipuler »
La décision n’a pas manqué de faire rapidement réagir. D’abord le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui dit « regrette[r] » le départ-surprise du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, mais aussi un manque de « courtoisie » envers Emmanuel Macron et Édouard Philippe, qui n’étaient pas prévenus, selon Nicolas Hulot.
« Je regrette ce départ », a déclaré le porte-parole du gouvernement, qui n’était « pas prévenu » de la décision du ministre. « Je veux rendre hommage au travail qui a été accompli depuis plus d’une année par Nicolas Hulot », bien que « la plus élémentaire des courtoisies aurait été effectivement de prévenir le président de la République et le Premier ministre », a estimé le porte-parole sur BFM TV et RMC.
De son côté, le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez « peut comprendre » que Nicolas Hulot « se sente trahi » par Emmanuel Macron, après la démission surprise lundi du ministre de la Transition écologique.
« Nicolas Hulot, je ne partage pas nécessairement ses opinions, mais je peux comprendre qu’il se sente trahi comme aujourd’hui pas mal de Français par des promesses fortes qui avaient été faites, et le sentiment à l’arrivée que ce n’est pas très tenu », a réagi Laurent Wauquiez sur RTL.
« Ce que je constate surtout, c’est qu’au fond, cette démission est le reflet des conséquences des ambiguïtés des politiques de Macron. Il cherche à tout concilier, sans jamais trancher », a poursuivi le patron de LR.
Quant à Yannick Jadot, tête de liste EELV, il a déclaré sur BFM TV : « On l’a vu prendre des coups et Emmanuel Macron qui n’a cessé de le manipuler. Il vient de sortir du piège du gouvernement. Depuis 18 mois, il n’obtenait rien. C’est un terrible constat d’échec. »