9 juillet 2018
Elle vient d’être nommée mardi 3 juillet commissaire générale dans le cadre de la Saison des cultures africaines, la Saison Afrique 2020, une initiative lancée par le président français Emmanuel Macron. La Sénégalaise N’Goné Fall, 51 ans, architecte, commissaire d’expositions, intellectuelle et cofondatrice d’une plateforme dans les nouveaux médias et les arts visuels, devient ainsi une figure incontournable de la scène culturelle internationale. Portrait.
C’est elle qui aura la tâche aussi réjouissante que difficile de « permettre de faire découvrir en France, l’image d’une Afrique en mouvement et en pleine mutation », selon le communiqué publié par la ministre de la Culture française, Françoise Nyssen, la tutelle avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de l’initiative Saison Afrique 2020 qui sera mise en oeuvre par l’Institut Français courant 2020.
Les initiés connaissent et apprécient N’Goné Fall depuis longtemps. Déjà en 2001, elle était commissaire invitée aux Rencontres de la photographie africaine de Bamako. En 2016, elle présidait le jury de la Biennale de Dakar, et dans la même année, elle a concocté une exposition au Danemark à majorité féminine sur les voix critiques d’artistes activistes, When Things Fall Aparat. Critical Voices on the Radars.
La défense des artistes en Afrique
Née en 1967 à Dakar, diplômée à l’âge de 26 ans en architecture par l’École spéciale d’architecture à Paris, N’Goné Fall s’engage rapidement auprès de la Revue noire avant de devenir à son tour entre 1994 et 2001 directrice de cette rédaction pionnière et très engagée dans la reconnaissance des artistes africains dans le milieu de l’art international. Sa nomination en tant que commissaire générale de la Saison Afrique permettra à N’Goné Fall de devenir une figure centrale pour la défense des artistes en Afrique, un rôle incarné depuis longtemps par Simon Njami, écrivain et essayiste né à Lausanne de parents camerounais, cofondateur de la Revue noire et commissaire d’expositions mythiques comme Africa remix.
Quant à N’Goné Fall, elle a codirigé plusieurs anthologies ayant fait date : l’Anthologie de la photographie africaine et de l’océan Indien en 1998 et puis, en 2001, l’Anthologie de l’art africain du XXe siècle, publiée par les prestigieuses éditions Revue noire. C’était le fruit de longues années de recherche et un coup d’épée dans la scène internationale de l’art qui longtemps ignorait cette autre histoire de l’art.
Les artistes femmes du continent africain
Dans le cadre de ses recherches scientifiques, elle n’a pas cessé de faire découvrir des artistes femmes du continent africain. Lors de l’exposition sur l’art féministe dans le monde, Global Feminisme, en 2007, au Brooklyn Museum, à New York, elle a notamment rédigé dans le catalogue la partie sur la contribution de l’art africain. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée dans le rôle d’une pionnière concernant la recherche sur la production des femmes artistes en Afrique.
Enfin, et ce n’est peut-être pas le fait le moins important dans sa nomination, N’Goné Fall est aussi cofondatrice du collectif Gaw-Lab de Dakar, une plateforme dédiée à la recherche et la production dans le domaine de l’art numérique pour interroger « l’interdépendance entre la réalité numérique et l’espace public et social ». Relier les cultures et les continents à l’ère numérique, tout un programme pour sa nouvelle fonction au sein de la Saison Afrique 2020.
Rfi