Greenpeace Thaïlande tire la sonnette d’alarme alors que la capitale thaïlandaise s’enfonce inexorablement dans les eaux.
Montée du niveau de la mer, érosion du rivage, urbanisation galopante: Bangkok, qui accueille du 4 au 9 septembre la réunion préparatoire de la COP-24, la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, s’enfonce inexorablement et pourrait être en partie submergée d’ici à 2030.
Construite sur des terres marécageuses à 1,5 mètre au-dessus du niveau de la mer, la mégapole de plus de dix millions d’habitants « s’affaisse aujourd’hui de un à deux centimètres par an et risque de subir des inondations très importantes dans un futur proche », relève Tara Buakamsri, directeur de Greenpeace Thaïlande, dans un entretien à l’AFP.
40% de la ville inondés en 20130
Lors des grandes inondations de 2011, plus d’un cinquième de la ville avait été submergé. Les zones périphériques avaient été particulièrement touchées, tandis que le quartier des affaires avait été épargné grâce à des digues dressées à la hâte. Un scénario qui est amené à se reproduire de plus en plus fréquemment: « près de 40% » de la ville pourrait être inondés dès 2030, selon des prévisions de la Banque mondiale.
Bangkok, « ville obèse sur un squelette d’enfant » selon l’expression du géologue Thanawat Jarupongsakul, est d’abord victime de son développement frénétique: le poids des gratte-ciel, qui ne cessent de grimper dans la cité en perpétuelle transformation, contribue à son engloutissement progressif. Et « les nombreux canaux qui traversaient la capitale, appelée autrefois la Venise de l’Orient, ont en partie disparu, recouverts par l’important réseau routier. Ils constituaient pourtant un bon système de drainage naturel », relève Suppakorn Chinvanno, expert sur le climat à l’Université Chulalongkorn de Bangkok.
As Bangkok prepares to host climate-change talks, the city is itself under siege from the environment, with dire forecasts warning it could be partially submerged in just over a decade https://t.co/8uWY3qJYBdpic.twitter.com/UJFbTUjc6z
— AFP news agency (@AFP) September 2, 2018
La nappe phréatique menacée
Le problème vient aussi des millions de mètres cube d’eau pompés dans la nappe phréatique pendant des décennies. L’utilisation des eaux souterraines est désormais réglementée mais certains continuent à les ponctionner en toute illégalité: en janvier, la police thaïlandaise a ainsi inspecté des dizaines de maisons closes, accusées de les siphonner pour offrir des « massages savonneux » à leurs clients.
La ville est aussi victime du changement climatique qui fait grimper les eaux du Golfe de Thaïlande de 4 millimètres par an, plus que la moyenne mondiale. « Aujourd’hui, elle est déjà en grande partie sous le niveau de la mer », note Tara Buakamsri. Quant aux kilomètres de littoral qui bordent la capitale, ils subissent une importante érosion. « On y a construit de nombreuses fermes de crevettes, ce qui a accentué le phénomène », souligne Suppakorn Chinvanno.
Un plan de prévention abandonné
Au lendemain des inondations de 2011, le gouvernement avait dévoilé un plan de prévention qui a été abandonné après le coup d’État militaire de mai 2014. « Nous devons suivre en permanence les facteurs météorologiques et géographiques et nous adapter chaque année », souligne Narong Ruangsri, directeur du département de drainage et d’assainissement de Bangkok. Aujourd’hui, « nous disposons d’outils importants: un réseau de canaux atteignant 2.600 kilomètres, des stations de pompage et huit tunnels souterrains pour évacuer l’eau », détaille-t-il.
Un parc a également été construit en 2017, spécialement conçu pour drainer plusieurs millions de litres d’eau de pluies et les réorienter afin qu’elles n’inondent pas les quartiers environnants. Ont aussi été construites des digues supplémentaires le long des voies d’eau, de nouveaux bassins de rétention, et des canaux ont été assainis.