Le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a dénoncé mardi le meurtre barbare du journaliste saoudien Jamal Khashoggi tandis que Donald Trump, qui avait jugé ces derniers jours crédibles les explications de Ryad, a dit attendre des faits avant de se prononcer sur les accusations de son homologue turc. /Photo prise le 17 octobre 2018/REUTERS/Joshua Roberts
WASHINGTON (Reuters) – Le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a dénoncé mardi le meurtre « barbare » du journaliste saoudien Jamal Khashoggi tandis que Donald Trump, qui avait jugé ces derniers jours « crédibles » les explications de Ryad, a dit attendre « des faits » avant de se prononcer sur les accusations de son homologue turc.
Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi devant le Parlement à Ankara que l’assassinat de Jamal Khashoggi, devenu très critique envers le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, avait été soigneusement planifié.
Il a rejeté les explications de Ryad (une altercation qui aurait mal tourné) et mis en cause sans le nommer « MBS », tout en semblant dédouaner son père, le roi Salman, dont il a dit ne pas douter de la sincérité.
Recep Tayyip Erdogan a été « très brutal » envers l’Arabie saoudite, a commenté Donald Trump mardi soir, avant d’admettre un peu plus tard que la tentative de dissimulation du meurtre était « la pire qu’on ait jamais vu ».
Le président des Etats-Unis, dont le gendre Jared Kushner est réputé très proche de « MBS », a donné à plusieurs reprises depuis le début de cette affaire le sentiment de minimiser la responsabilité de l’Arabie saoudite, dont il a dit ne pas vouloir compromettre les investissements aux Etats-Unis et les achats d’armes américaines.
Mais il est sous la pression du Congrès dont plusieurs figures de proue ont vivement critiqué l’attitude de Ryad, allant pour certains jusqu’à réclamer la tête du prince héritier, qualifié d' »engin de démolition » par le sénateur républicain Lindsey Graham.
Mike Pence s’est aussi montré cinglant mardi lors d’un évènement organisé par le Washington Post: « Nous allons faire toute la lumière sur cette affaire. Ce meurtre brutal, d’un journaliste, d’un innocent, d’un dissident ne restera pas sans réponse américaine et, j’espère, sans réponse internationale », a-t-il dit.
Le vice-président américain a ajouté que Donald Trump déciderait s’il y a lieu ou non d’imposer des sanctions économiques à l’Arabie saoudite une fois que toutes les informations sur ce « meurtre barbare » seraient connues.
Donald Trump a déclaré par la suite qu’il appartiendrait au Congrès de décider d’éventuelles sanctions contre les dirigeants saoudiens et assuré que toute initiative de la Maison blanche en ce sens serait prise en concertation avec les parlementaires.
Le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, a précisé que plusieurs responsables saoudiens impliqués dans la disparition de Jamal Khashoggi avaient été identifiés et verraient leurs visas d’entrée sur le territoire américain révoqués.
« Ces sanctions ne seront pas la seule réponse des Etats-Unis dans cette affaire », a ajouté le chef de la diplomatie. « Les Etats-Unis ne tolèrent pas ce genre d’agissements brutaux pour faire taire Mr. Khashoggi, un journaliste, en recourant à la violence. »
(Jeff Mason; Tangi Salaün pour le service français)