Qui a pu couper à ras les tresses d’une fillette de trois ans ? Sans que personne ne s’en aperçoive ? Le 9 janvier dernier, Alicia*, trois ans, est rentrée chez elle avec une bonne partie de sa chevelure en moins, du front jusqu’au milieu du crâne.
Son père était venu la chercher en fin d’après-midi au centre de loisirs de La Roue, à Fontenay-aux-Roses. Elle y avait passé la journée, comme tous les mercredis.
« Quand il est arrivé, elle était toute triste, elle avait les yeux gonflés, raconte sa mère, Guéda. C’est à ce moment-là qu’il a remarqué le trou dans ses cheveux. » La petite fille est coiffée de tresses plaquées sur son crâne. Deux d’entre elles, les plus centrales, ont disparu. « Mon mari a demandé au directeur et aux animateurs présents s’ils avaient vu quelque chose. Mais personne ne savait rien », fulmine cette mère de famille.
«Pendant la nuit, elle a pleuré »
Fontenay-aux-Roses, janvier 2019. LP/A.R.Le soir même, Alicia n’est pas très loquace. « Elle a cité le nom d’un animateur, puis de copains. Mais c’est flou, confie Guéda. Pendant la nuit, elle a pleuré et n’a presque pas dormi… »
Deux jours plus tard, un rendez-vous est organisé en mairie entre la maman, l’adjoint à l’enfance, la directrice de l’enfance et le directeur du centre.
Dominique Lafon, élu chargé de l’enfance, lui indique qu’une enquête interne a été ouverte. « C’est la procédure. Dès qu’il y a un fait supposé, on auditionne les animateurs et le personnel communal présents, on vérifie les taux d’encadrement, explique l’élu. Et des sanctions peuvent être prises. »
Mais depuis cette réunion, Guéda assure que « rien ne se passe », sauf un échange de mails sans réponse concrète. Et c’est ce qui la révolte. « Ils m’avaient dit qu’ils me tiendraient informée les jours suivants. Je suis inquiète pour ma fille, surtout si la personne qui a fait ça est toujours dans le centre », souffle cette mère de famille, qui a porté plainte.
Paris, 29 janvier 2019. Guéda a porté plainte pour violence sur mineur. LP/A.R.Après les faits, cette Fontenaisienne a emmené sa fille voir un médecin généraliste, un pédiatre et un dermatologue. « Ils n’ont pas constaté de lésions, ce qui signifie que les cheveux n’ont pas été arrachés mais coupés », explique-t-elle.
Mais par qui ? Les spécialistes auraient indiqué à Guéda qu’au vu de sa nature et de sa précision, la tonte pouvait difficilement être l’œuvre d’un enfant.
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«On se demande si cela a eu lieu à l’école »
« Comment personne n’a vu ou entendu ma fille pleurer ? Comment pouvait-il y avoir des ciseaux dans un centre de loisirs ? », s’interroge Guéda, perdue. « Ce qui est important pour nous, c’est que les précautions soient prises pour garantir l’intégrité physique de cette petite fille », renchérit-on au cabinet d’avocats Canu-Bernard associés, en charge du dossier.
En mairie, l’enquête interne « suit son cours », assure Dominique Lafon. Les taux d’encadrement, ce jour-là, avaient selon lui bien été respectés : un animateur pour dix enfants.
« Cette affaire est curieuse. Rien n’a été constaté par les animateurs, pas même le trou sur la tête de la petite fille. On se demande si cela a eu lieu à l’école », s’interroge l’adjoint. Qui dit « comprendre l’inquiétude » de la mère de la fillette. « C’est important qu’elle réagisse comme cela. Une enquête judiciaire est également en cours. On verra où cela mène ».
*Le prénom de la fillette a été modifié