L‘édifice de verre et d’acier de Ieoh Ming Pei a vécu une nouvelle transformation esthétique. L’artiste, aidé par des centaines de volontaires, s’est lancé le défi de la placer au cœur d’un nouveau projet dantesque.
Tel Emmanuel Macron le jour de son élection, l’artiste JR se filme en train de traverser la cour Napoléon du Louvre à grandes enjambées. La caméra placée sur un drone pique des toits du musée, où flotte le drapeau tricolore, jusqu’au parvis d’où émerge la pyramide. Le ton est immédiatement donné. C’est une confrontation de géants qui s’est jouée cette semaine à Paris entre le palais des rois devenu République des arts, l’œuvre de l’architecte américain Ieoh Ming Pei, décriée au départ et adulée aujourd’hui, et l’artiste photographe français.
Tout autour de la pyramide, des volontaires se sont affairés ces derniers jours à coller des derniers lés de papier beige. Nouveau maître des lieux, le prince du collage et de la photographique prévoyait non pas de la faire disparaître, mais de la faire surgir de ses fondations. L’opération a été filmée et projetée sur deux écrans géants. Et l’artiste lui-même a été son propre média en réalisant de très longues stories de l’installation sur son compte Instagram.
Commencé mardi, le travail des 400 volontaires s’est achevé vendredi à 18 heures, avant la cérémonie pour célébrer les trente ans de la pyramide de Ieoh Ming Pei. A été alors dévoilé «le secret de la grande pyramide» sur 17.000 m2.
Particulièrement nombreux en ce vendredi ensoleillé, les touristes déambulaient autour des barrières de sécurité sans réaliser ce qui se jouait. Il leur faudra se poster devant un des deux écrans sur lesquels est projetée l’installation pour comprendre: la pyramide y apparaît au milieu de ses fondations qui ressemblent à une immense carrière de roches blanches.
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Milo Welsh, 18 ans, stagiaire dans l’équipe permanente de JR, a été heureux de faire partie d’une «grande famille» qui s’est mobilisée autour de l’artiste. «Le papier vient des forêts de Nouvelle-Zélande: il est écogéré», assure-t-il. Toute la cour Napoléon en est recouverte, y compris les bassins et les Pyramidions (les petites pyramides). Partout les lés sont les mêmes, beiges à petits pois noirs, et forment ensemble un entrelacs de formes grisées.
Décriée avant sa naissance comme une «verrue», une hérésie voire une agression sur le monument historique, la pyramide par laquelle entrent désormais les visiteurs est au centre d’événements festifs organisés par le musée cette année.
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Un point d’anamorphose, avec une caméra, a été installé sur le toit du Louvre, inaccessible aux visiteurs, et permettait d’animer ce gigantesque collage.
Trois ans après avoir fait disparaître la pyramide, l’artiste mondialement connu du collage photographique est ainsi revenu pour la faire surgir de ses fondements. Le montage financier et technique de l’opération n’a pas été communiqué.
Samedi 30 mars après-midi, après les premières heures de réouverture de la cour au public, l’oeuvre était déjà évidemment en lambeaux, ne résistant pas aux passages des touristes et visiteurs: