L’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva le 7 avril 2018. AFP / Miguel SCHINCARIOL
AFP
27/04/2019
Le Brésil est gouverné « par une bande de fous », a déclaré vendredi l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva dans un entretien depuis sa prison à deux quotidiens, sa première interview depuis son incarcération il y a plus d’un an.
« Ce pays ne peut pas être gouverné par cette bande de fous », a déclaré Lula à Folha de S.Paulo et à El Pais. « Ce pays ne mérite pas ça et surtout le peuple ne mérite pas ça », a-t-il ajouté, dans une attaque frontale contre le gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions en janvier après avoir nettement battu le candidat du Parti des travailleurs (PT) de Lula.
En veste de costume gris et chemise mauve, son éternelle barbe bien taillée, l’ex-président (2003-2010) a concédé cette interview dans une salle du siège de la police fédérale de Curitiba (sud), où il est incarcéré depuis le 7 avril 2018 pour corruption.
Dans les vidéos diffusées par les médias brésilien et espagnol — qui ont obtenu le droit de réaliser cet entretien en prison à l’issue d’une longue bataille judiciaire — Lula apparaît vif, pugnace, loin d’être abattu par plus d’un an sous les verrous.
Sur son site, Folha de S.Paulo explique que les policiers ont demandé aux journalistes de se tenir à une distance de quatre mètres de la table à laquelle Lula était assis.
« Je veux sortir d’ici la tête haute, comme j’y suis entré: innocent », a déclaré l’icône de la gauche.
« Beaucoup de gens pensaient que j’aurais dû m’enfuir, quitter le Brésil ou me réfugier dans une ambassade. Mais j’ai décidé que ma place était ici », a-t-il ajouté, évoquant une « obsession de démasquer ceux qui (l)’ont condamné ».
« Je peux rester en prison cent ans, mais je n’échangerai pas ma dignité contre ma liberté », a insisté Lula.
« Je sais quelle place l’histoire me réserve, je sais aussi qui va finir à la poubelle », a-t-il conclu.
Accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer en échange de son intercession dans l’attribution de marchés publics, l’ex-président a toujours affirmé qu’il avait été condamné sans preuve.
Condamné en première instance à 9 ans et six mois de réclusion par le juge Sergio Moro, devenu ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro, Lula a vu sa peine, alourdie dans un premier temps en appel, finalement réduite à 8 ans et dix mois mardi par le Tribunal Supérieur de Justice.
Grâce à cet allègement de peine, il pourrait passer dès fin septembre ou début octobre au régime « semi-ouvert », qui autorise un condamné à sortir pendant la journée pour travailler, mais l’oblige à rentrer le soir dans sa cellule.
Mais Lula est également mis en cause dans plusieurs autres affaires de corruption.