Une semaine après la déroute historique de la droite aux européennes, de nombreux élus en avaient appelé à un changement de direction. Le patron de Vaugirard a accédé à leur demande ce dimanche soir au 20H de TF1.
La pression était devenue intenable. Une semaine jour pour jour après la déroute historique des Républicains aux élections européennes (8,48%), Laurent Wauquiez a annoncé dimanche soir qu’il quittait la présidence du parti. «Au fond, pour le dire assez simplement: les victoires sont collectives, et les échecs sont solitaires. C’est comme ça. Il faut que je prenne mes responsabilités», a-t-il expliqué sur le plateau du 20H de TF1, avant d’officialiser une «décision mûrement réfléchie». «J’ai décidé de prendre du recul et (…) je me retire de ma fonction de président des Républicains». Assurant qu’il ne ressentait pas «la moindre amertume» ni «la moindre aigreur», le démissionnaire a souhaité éviter le «risque d’une guerre des chefs» qui se profile selon lui à droite.
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«Je ne veux pas être un obstacle, à aucun prix. (…) Je veux que la droite se reconstruise», a-t-il poursuivi, avant de confier s’être «remis en question» et s’être interrogé sur «l’écart entre ce (qu’il) est et l’image qui est donnée» de sa personne. «Sans doute, parfois, je suis trop dur. (…) Au fond de moi, ça n’est pas de la dureté mais de la détermination», a-t-il martelé. Avant de glisser qu’il allait désormais se consacrer à son mandat de président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui allait «sans doute» lui faire «du bien», tant il a été «blessé» par l’«épreuve» qu’il vient de «traverser».
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Face aux sondages marquant une image de plus en plus contestée auprès des Français – contrairement à celle de François-Xavier Bellamy ; aux critiques répétées en Bureau politique et en réunion de groupe sur sa ligne stratégique ; à l’échec de sa proposition de lancer des «états généraux de la refondation» ; et aux appels de la majorité présidentielle aux élus LR pour qu’ils quittent le parti, le patron de Vaugirard a préféré jeter l’éponge pour se consacrer à la région Auvergne-Rhône-Alpes. En famille ce week-end, il a toutefois tenté d’échanger avec plusieurs ténors de LR au téléphone, sans parvenir à trouver d’autre solution que sa démission pour faciliter la reconstruction du parti. «À mon avis, Les Républicains sont morts. On devra recréer autre chose», persiste à penser un élu, membre de la direction. En attendant, selon les statuts de LR, c’est au vice-président délégué Jean Leonetti d’assurer l’intérim, le temps que la Haute Autorité organise une nouvelle élection.
En 1999, Sarkozy avait quitté la présidence du RPR après l’échec aux européennes
Ce mardi, le président du Sénat a par ailleurs prévu de lancer un «travail de reconstruction collective» autour des présidents de région – à l’exception de Xavier Bertrand (Hauts-de-France), qui n’a pas l’intention de s’y rendre -, ainsi que des présidents d’associations d’élus et des présidents de groupe de la droite et du centre. «Il faut bien trouver une solution! Ça prend l’eau de toute part», s’inquiétait un élu en fin de semaine dernière, alors que les municipales de 2020 approchent à grands pas. «Laurent Wauquiez c’est François Fillon en pire» se réjouissait d’ailleurs un ex-LR rallié à LREM, convaincu de pouvoir bénéficier «de l’effet repoussoir» du président de LR pour attirer de nombreux élus de droite dans le camp pro-Macron.
Pour éviter ce scénario, Valérie Pécresse avait été la première à évoquer publiquement l’éventuel départ de Laurent Wauquiez, dès lundi dernier. «Si j’étais à sa place, et vu la situation, sans doute que je démissionnerais», avait assuré la présidente LR de la région Île-de-France sur RTL. Avant de rappeler que Nicolas Sarkozy, en 1999, avait «pris très courageusement et avec beaucoup de panache la décision de démissionner» de la présidence du RPR, après avoir obtenu 12,9% des suffrages. «J’espère qu’à sa place j’aurais démissionné», avait abondé, quelques heures plus tard, le patron de la droite sénatoriale, Bruno Retailleau. Si Gérard Larcher n’avait quant à lui «appelé à la démission de personne», le président du Sénat avait toutefois souligné que Laurent Wauquiez faisait face à un «sacré défi» qui exige de se «remettre très profondément en question». «La logique gaulliste voudrait qu’il démissionne mais s’il ne le fait pas, les statuts le protègent», avait ajouté le deuxième personnage de l’État.
Le mandat de Wauquiez aura duré moins d’un an et demi
Ce dimanche encore, dans une interview au JDD , le président de la Commission des finances de l’Assemblée, Éric Woerth, avait appelé Laurent Wauquiez à «prendre ses responsabilités». «Ce n’est pas en mettant la poussière sous le tapis, en ayant peur des débats que nous nous en sortirons. Oui, il faut le dire. Il y a aussi un débat sur le leadership. Oui, il y a un rejet des Républicains aujourd’hui. Il faut affronter ce sujet de façon claire, sereine et responsable», appuyait l’ex-ministre du Budget.
Toutes ces déclarations se sont accompagnées du départ de quelques élus ainsi que de menaces de scission au sein du groupe LR à l’Assemblée. Au point de faire redouter à nombre d’élus que le parti devienne «de plus en plus rétréci». «Il n’y a plus de droite», jugeait même Nicolas Sarkozy dimanche soir dernier, en découvrant les résultats des européennes en petit comité. Si rien dans les statuts de LR ne pouvait contraindre Laurent Wauquiez à quitter son poste, c’est donc cette pression des parlementaires et des maires qui l’aura emporté… Un an et demi seulement après son élection à la tête du parti.