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Par Alexis Zema
- Publié le 20/09/2019
Le PDG de Facebook a rencontré plusieurs élus américains ainsi que Donald Trump. Les principaux reproches faits à la plateforme, comme le respect de la vie privée, ont été évoqués.
Mark Zuckerberg s’est livré au jeu des questions-réponses lors de son déplacement à Washington DC. Mercredi et jeudi, le PDG de Facebook s’est entretenu avec plusieurs élus américains ainsi que Donald Trump. Sur Twitter, le président des États-Unis a décrit une «rencontre constructive» avec le numéro un du plus grand réseau social. Mark Zuckerberg était de passage dans la capitale américaine pour deux auditions au Congrés, l’une sur la position dominante de Facebook et d’autres géants en ligne, et l’autre sur la modération en ligne.
Les discussions ont été particulièrement animées avec Josh Hawley, membre du parti Républicain et procureur général de l’État du Missouri. «Nous avons eu une conversation franche» résume l’homme politique sur Twitter, qui indique avoir «mis au défi Mark Zuckerberg de faire deux choses pour prouver son sérieux sur l’impartialité politique, la protection des données personnelles et la concurrence». Josh Hawley a demandé au PDG de Facebook de vendre WhatsApp et Instagram, le service de messagerie et le réseau social détenus par la firme. Mais aussi de se soumettre à un audit indépendant et extérieur pour toutes les questions liées à la censure de publications ou de comptes sur Facebook. «Il a répondu non aux deux.»
Les points cités Josh Hawley rythment l’actualité du plus grand réseau social depuis des années. En 2016, lors de la présidentielle américaine, Facebook a été accusé d’être pro-Démocrate, et d’écarter les sujets populaires à teneur conservatrice. Du côté des données personnelles, Facebook peine à laisser derrière lui le scandale Cambridge Analytica, révélé en mars 2018, où une entreprise britannique a exploité frauduleusement les données privées de 87 millions d’utilisateurs. En juillet dernier, la Commission fédérale du commerce (FTC), chargée de veiller au respect de la concurrence aux États-Unis, a demandé 5 milliards dollars à Facebook pour régler un autre litige portant sur la vie privée des internautes. Le Congrès examine depuis plusieurs mois la possibilité d’écrire une loi fédérale sur la protection des données personnelles.
En ce qui concerne la concurrence, le réseau social écrase ses adversaires avec 2,4 milliards d’utilisateurs mensuels dans le monde pour sa plateforme principale. Sur les mêmes critères, WhatsApp compte 1,5 milliard d’internautes et Instagram 1 milliard. Début août 2019, la FTC a ouvert une enquête sur les acquisitions de Facebook pour déterminer si ces dernières ont été réalisées pour barrer la route à des concurrents potentiels.
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Des nouvelles régulations
Le PDG de Facebook a également eu l’occasion de parler modération des contenus haineux et des fausses informations avec le sénateur Mark Warner, Démocrate de l’État de Virginie. «Mark Zuckerberg a reconnu que l’autorégulation ne sera pas suffisante» a indiqué l’homme politique au média Bloomberg. Ne voulant pas se placer en «arbitre de la vérité», Facebook a toujours été frileux à l’idée de supprimer les «fake news» de sa plateforme, préférant réduire leur visibilité. En juin dernier par exemple, le réseau social n’a pas effacé une vidéo trafiquée de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis. L’extrait en question, ralenti à l’aide d’un logiciel de montage, donne l’impression que la femme politique peine à articuler, comme si elle était saoule. Il avait été repris par de nombreux opposants politiques de Nancy Pelosi.
Sur les contenus haineux, le résultat est aussi contrasté. Après les attentats de Christchurch début 2019, Facebook a supprimé plusieurs comptes de personnalités d’extrême droite jugées «dangereuses», comme en mai dernier. Mais pour ce même drame, le réseau social, au même titre que la plateforme Youtube (détenue par Google), a été critiqué pour avoir eu du mal à empêcher la diffusion de la vidéo du tueur. Ce dernier avait diffusé ses atrocités en direct sur Facebook. Pour redresser la barre, Mark Zuckerberg souhaite mieux s’entourer. Mercredi dernier, le réseau social a détaillé son «comité indépendant de surveillance» des contenus, un groupe de 40 personnes indépendantes qui aura le pouvoir de trancher les litiges liés aux retraits de publications sur Facebook et Instagram, lorsqu’un auteur conteste une décision de modération de son contenu. Ses premiers membres seront nommés à la fin de l’année et le comité devrait être prêt à rendre ses premières décisions dans la première moitié de 2020.