L’ancien président brésilien, libéré à la faveur d’une décision de la Cour suprême, a prononcé un discours vibrant devant le syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo.
Le retour à la liberté fut donc aussi un retour aux sources. Après 580 jours passés derrière les barreaux, Luiz Inácio Lula da Silva a choisi le lieu très symbolique du syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo au Brésil, pour tenir son premier meeting, devant une foule de partisans euphoriques.
C’est là, depuis ce quartier légendaire dit de « l’ABC paulista », triangle d’or de l’industrie brésilienne, qu’entre 1978 et 1980, celui qui était alors seulement président du syndicat des métallos, conduisit et incarna les grandes grèves ouvrières de la fin de la dictature. Là aussi, qu’il se retrancha plusieurs jours, entouré de ses fidèles, en avril 2018, avant de se rendre à la police et de prendre le chemin de la prison.
« Je suis de retour, (…) libre comme un oiseau ! », a lancé le leader de la gauche dans un discours enflammé. Face à lui, une marée humaine de milliers de sympathisants a envahi la rue et se presse aux fenêtres des immeubles, et jusqu’au toit du syndicat. Malgré la garoa (la bruine pauliste) et la brume, l’ambiance est bouillonnante. Volcanique, même. « Le peuple de Lula », comme il aime s’appeler, s’est drapé de rouge magmatique. Pour l’occasion, il a sorti les casquettes mao, les bannières à faucille et marteau et les vieux drapeaux du Che, dans une ambiance de kermesse doucement anachronique.
« J’ai plus de courage pour lutter qu’avant [la prison] ! »
« Je dors avec la conscience tranquille des hommes justes et honnêtes ! », a affirmé l’ancien président, de son inimitable voix gutturale. Evacuant rapidement son actualité judiciaire pour parler du futur du Brésil, il s’en est pris directement au gouvernement de Jair Bolsonaro. « Il a été élu pour gouverner le peuple et pas pour les milices de Rio. (…) Nous ne pouvons pas permettre que les miliciens en finissent avec notre pays ! », tonne Lula, dans une référence limpide à l’assassinat non élucidé de la militante Marielle Franco, tuée le 14 mars 2018 ; une affaire dans laquelle le nom de M. Bolsonaro est aujourd’hui cité.