Nicolas Sarkozy raconte ce « complot politique nauséabond » qu’il a combattu avec l’aide du Pape

Nicolas SARKOZY - © Malick MBOW
Nicolas SARKOZY – © Malick MBOW

 

 

La récente arrestation d’un ancien ministre de l’Intérieur mexicain a remis l’affaire Florence Cassez au coeur de l’actualité. Acteur majeure de la libération de la Française, Nicolas Sarkozy se rappelle des années plus tard comment il a mené le combat pour obtenir le rapatriement de sa compatriote.

Plusieurs années après l’affaire Florence Cassez, l’un de ses plus virulents détracteurs, l’ex-ministre mexicain Genaro Garcia Luna, a été arrêté fin décembre 2019 par le FBI américain, accusé d’avoir touché des millions de dollars pour protéger l’un des plus puissants cartels du pays, celui de Sinaloa. Quelques semaines après cette révélation et alors que Florence Cassez assure vouloir entamer des poursuites judiciaires contre plusieurs personnalités mexicaines, l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy, qui avait œuvré en faveur de la libération de la Française, s’entretient avec le magazine l’Express et l’hebdomadaire Proceso pour lever le voile sur les coulisses des négociations qui avaient eu lieu à l’époque.

L’ancien chef de l’Etat remonte à 2007 : fraîchement élu, il entend parler du cas Cassez par l’un de ses députés et accepte de recevoir les parents de l’intéressée dans le salon Vert du palais présidentiel. « Leur fille venait d’être condamnée à quatre-vingt-seize ans de prison, se souvient-il. Très simplement, ils m’ont dit : ‘Aidez-nous. Nous sommes désemparés. Nous connaissons notre fille, elle n’est pas une criminelle’. » En tant que chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy explique n’a pas avoir alors eu le choix. « Lorsqu’un compatriote est en prison, où que ce soit dans le monde, j’estime que le devoir du président de la République française est de se porter à son côté. »

Immédiatement, la machine se met en marche. « J’ai demandé à mes collaborateurs de réunir des éléments pour comprendre le dossier…« , explique dans un premier temps l’ex-président. Les incohérences du dossier mettent rapidement la puce à l’oreille du chef de l’Etat et de ses conseillers. L’équipe est particulièrement surprise par la mise en scène visible de l’arrestation de la Française. « Pas la peine d’être Sherlock Holmes ou le commissaire Maigret pour saisir que ce montage était hallucinant« , se rappelle Nicolas Sarkozy. Dès lors, il devient pour lui « plus difficile de croire en la culpabilité de Florence Cassez qu’en son innocence. » Le président multiplie donc les contacts avec le gouvernement mexicain afin que la Française soit remise aux autorités de son pays et finisse de purger sa peine dans l’Hexagone. La situation se détériore pourtant rapidement. Affrontement verbal avec le président mexicain, prise de parole devant le Sénat local, tensions autour de l’année du Mexique en France… Face au sort d’une compatriote qu’il estime être « embastillée à la suite d’un complot politique nauséabond« , le président ne relâche pas la pression mais sait pertinemment qu’il aura beaucoup de mal à se faire entendre par le peuple mexicain tant l’influence de la presse et de l’Etat mexicains est puissante.

Nicolas Sarkozy réalise alors que son seul espoir réside dans la religion. Il sait la place déterminante que l’Eglise occupe dans la société mexicaine. « J’ai donc rencontré le pape Benoît XVI, auquel je voue une grande admiration« , explique-t-il. Le président français décrit alors la situation au souverain pontife et lui explique, qu’à ses yeux, la Française est « victime d’une terrible injustice, d’un complot« . Son souhait se réalise alors. L’influence du pape convainc l’Eglise du Mexique de « porter un regard neuf, sans préjugés » sur l’affaire Cassez. « Cela a été le point de départ d’un retournement progressif de l’opinion publique mexicaine« , estime Nicolas Sarkozy. « A partir de là, des voix dans l’Eglise se sont fait entendre, puis d’autres voix… Fin 2012, la Cour suprême a enfin reconnu toutes les incohérences du dossier et a ordonné la libération de Florence Cassez, début 2013.«  Au retour de Florence Cassez sur son sol natal, Nicolas Sarkozy n’est plus président, François Hollande le remplace donc pour accueillir la Française à l’aéroport. La jeune femme tient cependant à remercier personnellement l’ancien chef de l’Etat. Un repas est alors organisé. « Nous l’avons revue avec mon épouse pour déjeuner, se rappelle parfaitement Nicolas Sarkozy. Ce fut un grand moment d’émotion de la retrouver libre !« .

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