Le procès était retentissant, son issue l’est tout autant. Donald Trump est acquitté, les démocrates frustrés et la course à la présidentielle relancée.
Par Julien Peyron
Acquittal (Acquittement). Après « impeachment », c’est le mot qui devrait faire fureur à Washington ces prochains jours. Donald Trump vient d’être blanchi par le Sénat qui le jugeait pour « abus de pouvoir et obstruction des travaux du Congrès ». Deux chefs d’accusation qui avaient été retenus par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, mais qui n’ont pas convaincu les sénateurs. L’affaire ukrainienne devrait à présent retomber : le président ne sera pas destitué avant la fin de son mandat.
Si, dès le début, l’issue du procès ne faisait pas de doute – les démocrates eux-mêmes n’y croyaient pas vraiment – les conditions dans lesquels il s’est tenu semblent renforcer Trump et le camp républicain. Une procédure express, aucun témoin entendu et un président qui a pu tweeter librement tout le mal qu’il pensait de ce procès politique en forme de « chasse aux sorcières ». Le rythme s’est accéléré jeudi soir, quand il a été clair que les sénateurs bloqueraient l’audition de témoins potentiellement gênants pour le président. Au premier rang de ceux-ci, John Bolton l’ancien conseiller à la sécurité nationale, qui doit sortir prochainement un livre dans lequel il met en cause Trump dans l’affaire ukrainienne.
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Quatre mois d’enquête et de procès viennent de prendre subitement fin sans que l’opinion publique américaine semble avoir changé d’avis sur le président – la cote de popularité de Trump n’a pas frémi. Les dirigeants démocrates avaient longtemps refusé de se lancer dans ce procès perdu d’avance. Mais leur chef, Nancy Pelosi, a fini par céder à sa base, très militante et qui rêve d’« impeachment » depuis que Trump a été élu. Peut-être nourriront-ils des regrets quand celui-ci s’emparera de son acquittement comme d’un nouvel élément de campagne.
Fini le procès, la campagne va redoubler d’intensité
Car le voilà requinqué à neuf mois de la présidentielle. Trump paraît plus fort que jamais alors que les démocrates entament tout juste le processus de désignation de leur candidat. Ils semblent toujours aussi partagés entre un candidat très à gauche, de type Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, ou un plus modéré, que certains estiment mieux à même de battre l’épouvantail Trump. Le dernier meeting de celui-ci s’est tenu dans l’Iowa, l’État dans lequel les démocrates viennent de s’affronter, preuve que la campagne est bien lancée.
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Avec la fin du procès se termine un épisode du long feuilleton qui conduit au 4 novembre 2020 et l’élection présidentielle. Trump aura franchi l’obstacle sans encombre, les démocrates vont devoir le battre « à la régulière » s’is ne veulent pas qu’il reste quatre années de plus à la Maison-Blanche.