- Date de création: 07 février 2020
(Agence Ecofin) – Ce jeudi 6 février le Conseil d’administration de Crédit Suisse a pris note et accepté la démission de son directeur général Tidjane Thiam.
Urs Rohner, le président de la 2e banque de Suisse, a loué le travail accompli par M. Thiam depuis son arrivée à Zurich, en 2015 : « C’est grâce à lui que la banque est de nouveau solide et a renoué avec les bénéfices ».
En effet, Tidjane Thiam avait été appelé pour redresser la situation du groupe, en grande difficulté. Quatre ans plus tard, il laisse un établissement sain et de nouveau dans les grâces des investisseurs. « Il a énormément contribué au développement de Crédit Suisse », a déclaré M. Rohner.
Au-delà de ces amabilités de convenance, la relation entre le directeur général et le président de la banque étaient devenues exécrables, à tel point que les médias helvétiques se demandaient lequel des deux allait jeter l’éponge. Tidjane Thiam était soutenu par d’importants actionnaires de la banque qui souhaitaient le voir poursuivre son travail de modernisation. Finalement, c’est le président, très représentatif du microcosme bancaire zurichois, qui a eu gain de cause.
Le détonateur de ce conflit a été « l’affaire des filatures ». Il était reproché à Crédit Suisse d’avoir espionné, via des détectives privés, d’anciens hauts cadres de la banque. Tidjane Thiam a toujours assuré qu’il n’avait jamais été informé de ces pratiques.
La liberté retrouvée de Tidjane Thiam ne devrait pas manquer de relancer les spéculations sur son avenir, notamment dans le contexte politique ivoirien actuel où il compte de nombreux admirateurs.
Fragilisé par une affaire d’espionnage, Tidjane Thiam démissionne du Crédit Suisse
Par: Rfi – RFI | 07 février, 2020
Fragilisé par une affaire d’espionnage, Tidjane Thiam démissionne du Credit Suisse
Depuis septembre dernier, le banquier franco-ivoirien, directeur général du Credit suisse, était au centre d’un scandale d’espionnage visant d’anciens cadres dirigeants de la banque et des membres de l’ONG Greenpeace.
C’est la chute de l’un des Africains les plus influents de la planète. L’affaire des filatures, qui a éclatée en septembre dernier, devenait bien trop embarrassante pour la deuxième banque suisse, l’un des fleurons de la confédération.
Même si Tidjane Thiam s’est toujours défendu d’avoir été mêlé à l’affaire, les enquêtes ouvertes par les autorités bancaires suisses ainsi que par le parquet de Zurich ont sans doute poussé le banquier franco-ivoirien vers la sortie. Il sera remplacé par Thomas Gottstein à la tête du groupe.
Greenpeace serait également ciblée
D’autant que la presse helvétique multiplie depuis cinq mois les révélations. Car Iqbal Khan, cadre dirigeant passé à la concurrence dont la filature a été la première à être révélée, n’est pas le seul à avoir été espionné. Les détectives privés embauchés par le bras droit de Tidjane Thiam ont aussi surveillé un ancien directeur des ressources humaines.
Mais, pour lui, l’affaire est devenue ingérable avec les révélations parues dans la presse le week-end dernier concernant la surveillance étendue à l’organisation écologiste Greenpeace. En effet, des membres de l’ONG auraient également été espionnés.
En démissionnant, Tidjane Thiam a réaffirmé ne pas avoir été au courant de ces activités illicites mais il reconnaît que cette affaire a perturbé son entreprise. Or, celui qui est souvent considéré comme un génie de la finance, était justement arrivé en 2015 à la tête de la deuxième banque suisse pour la redresser. Et s’il gardait le soutien des grands actionnaires étrangers de la banque, le conseil d’administration, lui, était devenu hostile.
D’autres changements à venir ?
Pour autant, il faudra sans doute plus qu’un changement de visage à la tête de Credit Suisse pour tourner la page du scandale d’espionnage, explique notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. Déjà parce qu’une enquête pénale, avec peut-être des condamnations au bout, est en cours. Mais aussi car il y a une enquête du gendarme suisse des marchés financiers. Et selon ses conclusions, le régulateur pourrait demander d’autres changements à la tête du Credit Suisse.
Pour certains, Tidjane Thiam fait figure de victime collatérale du scandale d’espionnage. Selon la fondation Ethos, qui milite pour l’investissement responsable, le bilan du Franco-Ivoirien à la tête de la banque est largement bon. Minée par la crise de 2008, celle-ci a depuis renoué avec les bénéfices. Pour la fondation, si responsable il y a, il serait plutôt à chercher du côté du président de Credit Suisse, Urs Rohner, qui a été maintenu à son poste par le conseil d’administration malgré de vives critiques en interne.