Mardi 5 Avril 2016 – 07:23
En saluant « le dévouement en toute circonstance » de nos anciens combattants, à l’occasion de son discours à la nation pour la célébration du 56ème anniversaire de notre indépendance, notre président évoquait la mémoire de cette marche vers la République du Sénégal. Mais qu’avait-il en tête en ce moment précis ? Son propre engagement pour la nation ? Sa propre vision ? Sa simple fierté d’être un citoyen sénégalais ? Sûrement songeait-il à de nouvelles avancées, à d’autres progrès.
Lui qui n’était pas né en 1960 et qui devait naitre un an après l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, aurait son rôle à jouer dans la grande Histoire de la nation, peut-être en y abolissant la pauvreté et la corruption.
Il y avait du bleu dans l’horizon du chef de l’Etat et les nouvelles étaient plutôt bonnes dans la bouche de notre Président. Un décompte très positif des créations d’emplois et notamment ceux des jeunes, de nouvelles pistes de croissance, gaz, pétrole, le recul des inégalités, santé, éducation, formation, une sécurité renforcée dans un monde qui change et plus, un État de droit consolidé par un référendum victorieux… Nul doute que la plus ancienne de toutes les colonies françaises d’Afrique noire, restée fidèle à la langue de Molière, pourrait même être enviée par son ancien tuteur, qui peine à valider dans l’hexagone la moindre réforme et voit son chômage chaque jour s’aggraver.
Franchement, à écouter attentivement notre président, l’espace d’un instant, s’évanouissaient les polémiques et apparaissait le consensus. On lisait presque entre les lignes, en filigrane, une déclaration d’intention : « Non, vous ne vous trompez pas de route, celle-ci est la bonne ! Je ne représente pas une élite qui gouverne pour elle-même, je suis le Président de tous les Sénégalais et préside au destin de chacun… » Enfin, voyez-vous, une sorte de visa garanti pour un bel avenir, dans un pays sans clivage où les racines sont multiples, où la joie de vivre, de partager et d’aimer est manifeste … on en a bien besoin ! Et le temps d’un discours, au moins ce pays n’était pas imaginaire !
Et puis, arriva le défilé, placé sous le signe des défis sécuritaires et son impressionnante armada de forces armées. Une armée que le peuple redécouvre bouche bée !
C’est un grand sentiment de fierté qui nous envahit à cet instant car cela fait du bien de se sentir protégé dans cette jeune mais solide démocratie. De Matam à Ziguinchor, de Dakar à Tambacounda, le même mot d’ordre, la même organisation autour de la jeunesse et de nos armées ! Un pays qui avance dans l’ordre, qui respire d’un nouveau souffle prometteur. Chaque sénégalais je crois est ému de voir ça et au moins pour une fois on va taire nos divergences. Devant cette puissance déployée, nous autres toujours prompts à critiquer, sommes bien obligés d’admettre que notre jeune président, d’ordinaire si sobre et austère, a sorti le grand jeu pour nous montrer qu’il sait où il va et que nous pouvons lui faire confiance pour nous mener à bon port.
S’il est vrai qu’avec nos importantes découvertes de pétrole et de gaz, l’accélération du processus de développement de notre pays s’inscrit dans de nouvelles et heureuses perspectives, alors je souhaite y voir associer au plus près la jeunesse.
Une jeunesse libre, éduquée et prospère, car elle seule peut nous faire changer.
Est-ce des autoroutes, des immeubles, des infrastructures à eux-seuls qui conduisent à l’émergence d’une nation ? Lancez tous les processus et mettez tous les chantiers en cours sur le terrain, si les mentalités ne suivent pas, le potentiel tout comme l’ambition mourront. Ce vaste chantier sur nos états d’âme et d’esprit est un véritable défi car la politisation de tout et à outrance dans notre pays ne crée qu’incompréhension et méfiance.
Le consensus et la solidarité au delà de ce jour anniversaire, alors que nous soufflons ensemble les cinquante-six bougies de notre indépendance et que l’avenir semble s’éclaircir.
Oumou Wane
Présidente africa7