Le candidat des primaires républicaines, Ted Cruz. ((Paul Sancya/AP/SIPA))
La victoire sans appel de Ted Cruz dans le Wisconsin stoppe l’élan de Donald Trump, qui a désormais peu de chances de l’emporter avant la convention de Cleveland en juillet
Un seul Etat, mais un vrai tournant. Ted Cruz n’a pas seulement remporté la primaire du Wisconsin, hier. Il a stoppé net la marche triomphale de Donald Trump. Hier, comme le prédisaient les sondages, Cruz l’a emporté avec largement plus de 10 points d’avance sur le milliardaire, malgré la présence d’un troisième larron, John Kasich.
Sur le papier, Trump peut encore gagner une majorité de délégués avant la convention de Cleveland en juillet, mais c’est désormais peu probable. Et le « momentum », comme on dit aux Etats-Unis, penche du côté de Cruz : dans un sondage Reuters-Ipsos publié hier, il fait désormais jeu égal avec Trump sur le plan national, alors qu’il accusait 30 points de retard il y a un mois.
Donald Trump est-il fasciste ?
Que s’est-il passé ? Une série impressionnante de gaffes, d’interviews, de prises de position surréalistes et un sentiment général d’improvisation, d’impréparation qui a troublé jusqu’aux supporters de Trump. Certes, le Wisconsin est un cas particulier : on y aime les bonnes manières et l’ensemble des leaders locaux s’était rallié à Cruz, tout comme les animateurs de radios conservatrices (très importants). La campagne de Donald Trump s’est d’ailleurs fendue hier soir d’un communiqué rageur :
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« Ted-le-menteur a eu derrière lui le gouverneur du Wisconsin, beaucoup d’animateurs de radio conservateurs et tout l’appareil du parti. »
Trump peut espérer effacer le mauvais souvenir de cette défaite dans deux semaines avec l’Etat de New York, « son » Etat, où il reste favori mais ne franchira peut-être pas la barre stratégique de 50% des voix, et dans cinq Etats de Nouvelle-Angleterre une semaine plus tard, où les sondages pourraient bien se resserrer.
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En tout état de cause, son élan est enrayé. Sa nomination n’est plus inévitable et les premières élections nominales des délégués, dans les Etats, montrent qu’il n’est absolument pas préparé à une guerre d’appareil et arrivera à la convention sans en maîtriser les multiples pièges.
Guerre de tranchées en juillet
Les Républicains se préparent donc à une guerre de tranchées à Cleveland, d’autant plus féroce qu’une grosse fraction du parti ne parvient pas à se résoudre à l’idée d’aller à la présidentielle, avec Trump, comme d’autres iraient à l’abattoir. Hier, à la sortie des urnes, plus de sept électeurs démocrates sur dix se disaient « enthousiastes » ou « optimistes » à propos de Bernie Sandersou Hillary Clinton, un contraste de plus en plus saisissant avec le désarroi qui règne à droite. Un sondage donne même quatre minuscules points de retard à Hillary dans un duel hypothétique face à Trump dans le Mississippi, un Etat où les Démocrates sont régulièrement laminés depuis 40 ans!
A droite, le règlement de comptes est donc programmé, sinon inévitable. A gauche, la victoire de Sanders est un nouveau coup de canif contre le clan Clinton, mais il ne change pas le cours des choses. Le véritable test sera New York, l’Etat de Hillary.
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Si elle venait à perdre cette primaire, cela serait une humiliation sans précédent pour elle, et un dernier espoir pour Bernie. On n’en est pas là.
Philippe Boulet-Gercourt