“LA CASSEROLE QUI TUE”
Nicolas Deschamps | samedi 18 janvier 2020
Plus de deux ans après la révélation de scandales entourant la campagne électorale de François Fillon, les journalistes d’investigation Gérard Davet et Fabrice Lhomme décrivent dans un nouvel ouvrage l’incroyable machination dont l’ex-Premier minsitre a été victime.
Ancien Premier-ministre de Nicolas Sarkozy, parvenu à l’emporter face à Alain Juppé et Jean-François Copé lors des primaires des Républicains, François Fillon imaginait pouvoir rivaliser avec Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. Un vaste scandale lui a finalement coupé l’herbe sous le pied, précipitant sa dégringolade politique et détériorant son image auprès des électeurs. L’une des facettes de ce scandale avait été surnommée l’affaire des costumes. Un nom qui faisait référence aux trois costumes Arnys d’une valeur de 13.000 euros offerts au candidat Fillon par l’avocat Robert Bourgi, ce donateur qui, des mois plus tard, avait avoué être à l’origine de certaines fuites concernant la campagne du candidat de droite. Une affaire palpitante à laquelle les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme viennent de dédier un livre intitulé Apocalypse Now (éd. Fayard).
Venus promouvoir leur ouvrage ce 15 janvier sur l’antenne de RTL, les deux journalistes d’investigation décrivent comment Robert Bourgi aurait sciemment décidé de couler François Fillon et sa campagne pour venger à la fois son amour propre et son ami Nicolas Sarkozy, alors en froid avec l’ex-Premier ministre. Selon Davet et Lhomme, l’homme d’affaires, très proche de l’ex-président de la République, n’aurait « pas supporté que François Fillon, qu’il appréciait au début, ne le calcule pas et tienne des propos aussi durs contre Sarkozy. » Il aurait alors établi un plan pour se débarrasser de François Fillon. « Il lui a tendu un piège en lui achetant des costumes par chèques et en faisant en sorte que l’affaire sorte juste avant l’élection présidentielle« , relatent les journalistes.Une affirmation que confirme d’ailleurs l’intéressé. « J’ai pris la décision de lui couper les jambes, à Fillon« , indique Bourgi aux deux auteurs. « [Cette affaire], c’est la casserole qui tue. Et si elle ne l’avait pas tué, je lui en aurais mis une autre, de casserole. »
Dans leur ouvrage, Gérard Davet et Fabrice Lhomme reviennent ainsi sur l’affaire des costumes mais évoquent également le célèbre Penelopegate, cette autre affaire relative aux supposés emplois fictifs de l’épouse et des enfants de l’homme politique. Les journalistes d’investigation, en étudiant la carrière du candidat et en ayant accès aux pages de l’enquête menée par les autorités à l’encontre de François Fillon, estiment que l’ex-Premier ministre a mis en place au fil des années « une PME à but très lucratif« . Ils décrivent ainsi un « homme politique sous l’influence constante de grands hommes d’affaires français« . « En ayant accès à toutes la procédure, ajoutent-ils, nous avons pu trouver un total de sommes perçues de manière indue par le couple Fillon: c’est 1 306 400 d’euros perçus depuis 1981« . « Majoritairement de l’argent public, précisent-ils. C’est quand même énorme.«