Mis à jour le 17/04/2016
Avec son réseau, Mark Zuckerberg peut-il peser sur les élections? La réponse est oui. Le fera-t-il? – Kay Nietfeld – POOL/AFP
Mark Zuckerberg s’est déclaré contre Donald Trump publiquement et à plusieurs reprises. Ses salariés lui ont donc officiellement demandé si Facebook devait actionner ses algorithmes pour empêcher le candidat de remporter les primaires.
Entre les géants de l’Internet et Donald Trump, ce n’est pas le grand amour, loin de là. La plupart des dirigeants de groupes high-tech de la Silicon Valley se sont publiquement déclarés contre le candidat aux primaires des Républicains et Mark Zuckerberg, patron-fondateur de Facebook n’a pas été le dernier à critiquer ses positions.
Lors de la conférence développeurs F8 qui se déroulait cette semaine à San Francisco, « Zuck » a pris position publiquement. Sans citer une seule fois le nom de Donald Trump, il fait une déclaration qui a fait du bruit.
« De terribles voix appellent à la construction de murs, à la division entre les personnes. Je les entends appeler au blocage de la liberté d’expression, de l’immigration, ils veulent bloquer le commerce et menacent même de couper l’accès à Internet. »
Ces prises de position ont alerté ses salariés comme le révèle le site Gizmodo. Dans un sondage qui vise à sélectionner les questions à poser aux dirigeants, ils lui ont clairement posé la question:
« Facebook doit-il contribuer à bloquer l’accès de la Maison-Blanche à Trump? »
D’un point de vue démocratique, la question est plus que sensible. La réponse de Zuckerberg a été très modérée. Pour lui, Facebook ne doit pas influencer le vote des citoyens américains. Une manière de dire que son groupe aurait le pouvoir de le faire.
La puissance de Facebook protégée par le Premier Amendement
Avec plus d’un milliard de personnes abonnées à son réseau, le groupe n’aurait qu’à bloquer les publications favorables à Trump et parallèlement booster celles des candidats démocrates. Et cela, sans être en délicatesse avec la loi américaine, comme l’a précisé Eugene Volokh, professeur de droit à l’UCLA.
« Le premier amendement s’applique aussi bien auNew York Times qu’à Facebook. S’ils le désirent, ils peuvent librement bloquer les messages d’un candidat. »
Légalement, c’est donc possible, mais cette possibilité pose des questions éthiques que soulève Robert Drechsel, professeur d’éthique en journalisme à l’Université de Wisconsin-Madison. Pour lui, Facebook a un devoir d’information comme tous les autres média et se doit de fournir « une couverture complète, juste, exacte et contextualisée. »
Un poids bien réel
Reste que le poids des réseaux sociaux sur les électeurs est bien réel. En 2010, avec son bouton « A voté », le réseau social a réussi à faire légèrement remonter la participation aux élections. Chaque personne qui annonçait son vote influençait près de six autres personnes à se rendre aux urnes. Dans les faits, 60.000 personnes en ont poussé 340.000 dans les bureaux de vote.
Une goutte d’eau? Pas vraiment. Rappelons que Georges W. Bush a remporté les élections de 2000 avec 534 votes en Floride. Que se serait-il passé si à l’époque, le réseau avait été lancé quatre ans plus tôt?