Par AFP — 7 mai 2016
Arabie: le ministre du Pétrole limogé en pleine chute des prix du brut
Le roi Salmane d’Arabie saoudite a procédé samedi à un large remaniement ministériel, marqué par le limogeage de son ministre du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, qui pendant deux décennies a influencé la politique de l’Opep, aujourd’hui confrontée à sa pire crise en raison de l’effondrement des cours.
Le limogeage de M. Nouaïmi intervient quelques jours après l’annonce d’un ambitieux programme, «Vision à l’horizon 2030», tendant à transformer l’économie saoudienne pour réduire sa dépendance à l’or noir.
Par deux décrets du roi, cette figure du monde du pétrole a été limogée et son département a été transformé en un ministère de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources minières, confié Khaled al-Faleh, ministre de la Santé dans le gouvernement sortant.
- Faleh, qui a passé un an à la tête du ministère de la Santé, était depuis 2009 le patron du géant pétrolier Aramco, que les autorités ont décidé d’introduire en bourse dans le cadre de leur programme de développement.
Le souverain a en outre dissout le ministère de l’Electricité et de l’Eau alors que la réduction des subventions de l’Etat sur ces deux services publics avait suscité des remous dans le royaume, engagé dans une politique d’austérité en raison de la chute de ses recettes pétrolières.
Des membres du gouvernement ont été écartés et d’autres ont changé de portefeuille alors qu’un nouveau gouverneur de la Banque centrale, Ahmed al-Khalifi, a été nommé, en vertu d’une série de décrets promulgués par le roi.
– Personnalité ‘puissante’ –
Une Autorité publique pour les Loisirs et une autre pour la Culture ont été également créées.
Le limogeage de M. Nouaïmi, en poste depuis 1995, intervient alors que l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, poursuivait depuis près de deux ans une politique pétrolière ayant conduit à un effondrement des cours sur les marchés internationaux.
- Nouaïmi, qui a toujours pesé de son poids pour influencer la politique de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), aurait fait savoir dès le début de cette année qu’il souhaitait partir à la retraite à l’occasion du remaniement ministériel de mai, avait rapporté en janvier le Financial Times de sources industrielles énergétiques.
«Ali al-Nouaïmi reste l’homme le plus puissant au monde dans le domaine pétrolier», avait écrit le magazine américain Forbes en 2014, le classant au 50e rang des personnalités les plus puissantes du globe.
Né en 1935, M. Nouaïmi a notamment étudié à l’université de Stanford avant de devenir en 1983 président du géant pétrolier Aramco.
En 1995, il avait été nommé ministre du Pétrole, poste qu’il avait conservé malgré les deux remaniements ministériels majeurs opérés par le roi Salmane depuis son accession au trône en janvier 2015.
Au moment où le royaume – première économie du monde arabe et premier exportateur de brut – est fortement affecté par la chute des cours, le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane a annoncé le 25 avril l’intention de son pays de vendre en bourse une partie d’Aramco et de se doter d’un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars (1.753 milliards d’euros), le plus grand du monde, dans le cadre de la «Vision à l’horizon 2030».
Le plan, présenté comme «une feuille de route» pour le développement du royaume durant les 15 prochaines années, est destiné à diversifier l’économie saoudienne qui dépend à plus de 70% du pétrole.
Le royaume, qui prévoit un déficit de 87 milliards de dollars (76 milliards d’euros) cette année après un déficit de 98 milliards de dollars (86 milliards d’euros) en 2015, a gelé d’importants projets économiques.
Par ailleurs, un ministère du Commerce et de l’Investissement a été créé et les ministères du Travail et des Affaires sociales ont fusionné en un seul département, en vertu du nouveau remaniement du gouvernement.