A moins de trois ans de l’élection présidentielle, le casting se dessine de plus en plus et il est certain que pour prolonger son bail à la tête de l’Etat, Macky Sall devra écarter les appétits de quelques personnalités aux dents longues. D’Abdoul Mbaye, novice dans l’arène politique, à Idrissa Seck, personnage chevronné, Seneweb vous fait une revue d’effectifs des principaux probables challengers de l’actuel chef de l’Etat.
Abdoul Mbaye : Le challenger qui monte
Depuis qu’il s’est officiellement lancé en politique, on ne parle plus que de lui. Abdoul Mbaye, 63 ans, ancien Premier ministre a définitivement rompu les liens avec le pouvoir qu’il avait rejoint au lendemain de l’alternance du 25 mars 2012. Avec l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), il compte présider aux destinées du Sénégal. Et se positionne d’ores et déjà sur les starting-blocks pour 2019.
Né d’un père sénégalais, feu le juge Kéba Mbaye, et d’une mère française, Abdoul Mbaye, souvent décrit comme un bourgeois, vivant loin des réalités sénégalaises, veut prouver qu’il est capable de soulager les souffrances du peuple. Après seulement 18 mois passés dans les cercles politiques, il en connait suffisamment les rouages pour jouer son premier Act. Que les candidats se le tiennent pour dit : “la politique n’est pas seulement l’affaire des politiciens professionnels ». Porté par un courant de défiance envers les politiques « classiques », Abdoul Mbaye mesure ses chances de remporter la bataille. « Son essentiel, le Sénégal ». Mais faudrait-il d’abord qu’il réussisse à se départir de certaines casseroles qu’on lui accole depuis quelques années. Notamment cette étiquette de « blanchisseur de milliards illicites » pour l’ancien président tchadien, Hissène Habré, jugé pour crimes contre l’humanité, à l’époque où il dirigeait la CBAO.
Aissata Tall Sall : Au nom des femmes
Elle est certainement l’une des femmes juristes les plus brillantes de son époque. Et aussi une des femmes en politique les plus téméraires. Mieux vaut ne pas l’avoir comme ennemie. Aissata Tall Sall, née à Podor dont elle est maire actuellement, est l’une des figures les plus emblématiques du Parti Socialiste. Surnommée la «Lionne du Fouta» pour ses combats politiques et ses prises de positions courageuses, elle fait partie des rares qui ont résisté à la transhumance après la défaite du Parti Socialiste à la présidentielle de 2000. La « rebelle » qui n’hésite pas à critiquer vertement ses camarades au sein de la coalition «Benno Bokk Yakaar», se présente en véritable challenger face au Secrétaire général du parti, Ousmane Tanor Dieng. Portée comme potentielle candidate à la prochaine présidentielle, elle entretient toutefois le flou. « En politique, je ne suis pas une femme pressée. En 2017, les gens me disaient tu es la Ségolène Royal du Sénégal, va te présenter à l’élection présidentielle. J’ai dit, non. Pour moi, ce n’était pas le moment. En politique, je sais être généreuse et attendre mon temps. Et quand ce sera mon tour, personne ne me donnera la leçon. Je prendrai ma décision comme il le faut, je l’assumerai, personne ne me donnera la leçon. Je prendrai ma décision comme il le faut, je l’assumerai comme il le faut et je ferai face aux Sénégalais avec ma pleine, totale et entière responsabilité », a-t-elle annoncé en marge d’une conférence à Paris.
Abdoulaye Baldé : Le chouchou de Wade
Pour beaucoup, il serait le candidat préféré de l’ancien président Abdoulaye Wade. Le nouveau fils spirituel, après Macky et Idy. Abdoulaye Baldé, ancien ministre des Forces armées et maire de Ziguinchor, est lui aussi dans la course au Palais de l’Avenue Roume. L’ancien proche collaborateur de Karim Wade, actuellement emprisonné pour enrichissement illicite, est aujourd’hui porté par la Ligue des masses. « Une large coalition composée de partis politiques, d’organisations syndicales et citoyennes vont appuyer sa candidature », a annoncé le Secrétaire général du parti, Cheikh Sidiya Diop. La formation qui dit se reconnaitre dans son projet de transformation politique, économique et sociale à travers la liquidation de toutes formes d’oppression et d’exploitation » invite tous les militants à se mobiliser à œuvrer pour une victoire écrasante de leur candidat à la prochaine présidentielle.
Idrissa Seck : Idy5President ?
Il est certainement l’un des plus sérieux challengers de Macky Sall. Idrissa Seck, patron de Rewmi, est en passe de devenir un favori à la présidentielle de 2019. Lui qui multiplie les visites de proximité à l’intérieur du pays, et enchaine les invectives contre le régime en place. CommeMacky Sall en 2012, l’ancien Premier ministre a compris que ce n’est pas en restant dans les salons dorés du Saint James qu’il va conquérir le pouvoir. Dès lors, il a entamé une tournée de proximité qui le mène depuis près d’un an un peu partout dans le Sénégal des profondeurs. Et ce n’est plus que Thiès qu’il a sous sa coupe. De plus en plus, les Sénégalais semblent adhérer à ses idées. Idrissa Seck, qui en 2012, n’avait pas dépassé la barre des 5% à la présidentielle, est revenu dans le peloton de tête.
Karim Wade : La menace fantôme
Même en prison, Karim Wade fait vaciller le pouvoir de Macky. « Une des raisons pour lesquelles il est emprisonné, c’est qu’il risque de remporter la présidentielle », pensent ses proches. Désigné candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Wade est passé de fils honni du président Abdoulaye Wade à victime d’un régime autocratique. Condamné à six ans d’emprisonnement pour enrichissement illicite, l’ancien ministre devrait être libéré en avril 2019, soit deux mois après la présidentielle. Mais, selon plusieurs sources, il pourrait être libéré bien avant, car il a fini de purger la moitié de sa peine et est éligible à une libération conditionnelle, s’il ne bénéficie pas d’une grâce présidentielle. Pour beaucoup, Karim Wade, qui a appris le wolof en prison, sympathisé avec les militants durant son incarcération et bénéficié de la compassion du peuple, se pose en candidat crédible et convaincant. Et pourrait faire basculer la présidentielle.
Khalifa Sall : Le rival naturel
Se présentera, ne se présentera pas? La question taraude les esprits, mais Khalifa Sall reste imperturbable. Potentiel candidat non déclaré à la présidentielle, il fait focus sur sa gestion de la mairie de Dakar. Néanmoins, il apparaît de plus en plus comme le candidat naturel du Ps face à un Secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, en perte de vitesse. Plébiscité par des soutiens en dehors et au sein du Parti, il est pour beaucoup, le futur 5e président du Sénégal. Khalifa Sall qui a opéré une véritable razzia aux dernières locales, est en pole position pour la course. Avec ou sans le Ps? L’édile de Dakar est peu disert sur la question. Mais, selon plusieurs sources, sa candidature inquiète dans les plus hautes sphères. La Lettre du Continent révélait d’ailleurs en février dernier, que le président Macky Sall lui aurait proposé le Haut conseil des collectivités locales s’il accepte de renoncer à sa candidature.
Malick Gakou: Le candidat du peuple
Il ne s’est pas fait prier pour enfiler le costume de candidat à la présidentielle. Evincé de l’AFP, Malick Gackou, dauphin de Moustapha Niasse, sorti troisième de la présidentielle de 2012, a décidé de faire cavalier seul. Avec le Grand Parti, Gackou qui a déjà pris d’assaut Guédiawaye, son fief, compte se présenter pour la première fois à une présidentielle. Pour cela, il peut compter sur le G100, un groupe de 100 cadres qui ont décidé de le porter à la magistrature suprême, convaincu qu’il est l’homme de la situation. Malgré un premier test manqué lors du référendum du 20 mars dernier, Gackou jouit d’une notoriété certaine dans la banlieue où il affronte Aliou Sall, petit frère du président Malick Sall. A quelques deux ans des joutes électorales, le leader du Grand Parti, 55 ans, affûte les armes, entame déjà les tournées dans le Sénégal des profondeurs. Et espère rafler le Macky!
Auteur: Lala Ndiaye – Seneweb.com