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Monsieur Macron, il est de temps de démissionner ! Par Grégoire Biseau — 1 juillet 2016

 

Emmanuel MACRON - © Malick MBOW
Emmanuel MACRON – © Malick MBOW

Monsieur Macron, il est de temps de démissionner !

Cher Emmanuel Macron, il est l’heure. L’heure de choisir. L’heure de mettre en adéquation vos paroles avec vos actes, votre ambition avec votre emploi du temps. Car, à continuer ce jeu de la petite phrase pleine de sous-entendus, perfide et provocatrice, vous êtes en train de vous abîmer. A continuer cet entre-deux (un pied dans le gouvernement, un autre dehors), vous ne rendez service à personne : ni à vos proches, ni à vos idées, ni à François Hollande, dont vous nous assurez pourtant qu’il est encore votre candidat pour 2017. Bref, il est l’heure de faire preuve d’un peu de courage. Car la politique, quoi qu’en disent ses détracteurs, c’est se battre pour des idées en acceptant le risque de tout perdre. Vous nous répétez à l’envi que vous voulez inventer autre chose. Qu’il est urgent de repenser notre façon de faire et de vivre de la politique, qu’il faut casser les codes et les vieux clivages, ouvrir grand les fenêtres… Vous avez raison. Mais alors, ne devriez-vous pas cesser votre étrange posture ? Ne faudrait-il pas choisir entre parler clair ou vous taire ? Vous jeter dans le grand bain ou rentrer dans votre ministère ?

Lundi soir, vous parliez devant un petit collectif organisant des débats entre politiques et usagers de Twitter. Evoquant François Hollande vous déclariez : «Les gens qui me suivent ne se reconnaissent bien souvent plus dans l’action du Président.» Et d’ajouter sur votre mouvement, En Marche : «Si ça prend et si ça correspond à ce dont le pays a besoin, alors les choses peuvent advenir.» Quatre jours plus tard, vous confiez à une journaliste du Figaro : «Les primaires [que François Hollande vient pourtant d’accepter, ndlr], c’est la preuve du faible leadership de chaque côté». La politique ? «On nous donne les mêmes pilules depuis trente-cinq ans et personne ne les prend. On en a encore la preuve aujourd’hui.» A vous lire, il ne fait donc plus aucun doute que Hollande n’est plus l’homme de la situation et que la politique qu’il mène n’est pas à la hauteur de vos espérances.

D’ailleurs si c’était le cas, vous seriez le premier à défendre le «ça va mieux» du président de la République. Le premier des ministres à se ruer sur chaque bonne nouvelle statistique (vous conviendrez que, depuis quelques semaines, vous auriez eu maintes fois l’occasion de vous illustrer) : hausse de la croissance, baisse du chômage, réduction des déficits, rétablissement des marges des entreprises… Encore dans leFigaro, vous nous dites : «Le 6 avril quand j’ai lancé En Marche je sais que j’ai fait un choix radical. Et je sais que si j’échoue, le système m’expulsera.» Sans vouloir vous contredire, vous n’avez fait aucun«choix radical» : vous donnez au contraire l’impression de vouloir le confort d’un ministère et la liberté de parole d’un frondeur. A la façon d’un Arnaud Montebourg. Dans une entreprise privée, il y a bien longtemps que vous auriez pris la porte pour insubordination et abandon de poste. Alors, si vous avez un peu de suite dans les idées (et vous en avez), laissez passer quelques jours après cet éditorial (il n’est jamais bon de donner l’impression de réagir à la presse) et, avant votre grand meeting du 12 juillet, démissionnez.

Grégoire Biseau

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