Monsieur le Directeur, la communauté internationale célèbre l’anniversaire de l’adoption de la Convention pour les droits de l’enfant. Quelle importance le Sénégal accorde-t-il à cet évènement?
Depuis 2008, la communauté internationale a choisi cette date. Au Sénégal, nous la célébrons à travers une journée de prières et d’actions. Le Sénégal en est à sa deuxième édition. L’anniversaire de la célébration de l’adoption de la convention internationale sur les droits de l’enfant est une occasion manifeste pour la Communauté internationale de se pencher sur les questions de l’enfant en vue de lui apporter les solutions adéquates dans le cadre de la protection et de la promotion de ses droits. L’ensemble des acteurs concernés mènent des consultations générales sur la protection de l’enfance dans le cadre de la matérialisation des engagements de l’État. L’anniversaire de la convention est une occasion inespérée de la communauté internationale de faire un peu le bilan de tout ce qui a été fait envers l’enfant, relever les différentes contraintes qui ont accompagné la réalisation des engagements et dégager des perspectives.
Qu’est ce que le gouvernement du Sénégal fait pour préserver les droits de l’enfant ?
La situation des droits de l’enfant au Sénégal est marquée par un environnement juridique et institutionnel particulièrement favorable. Seulement, du fait de la conjonction de facteurs économiques, sociaux, on a progressivement remarqué des problèmes qui se posent en matière de gestion de la solidarité des services. L’accroissement démographique a conduit à un essoufflement de ces mécanismes de solidarité nationale. Ces facteurs ont fait que l’enfant est souvent laissé à lui-même. Il est dans une situation extrêmement difficile. C’est pourquoi il faut développer des mécanismes de protection des enfants pour leur permettre de jouir de la totalité de leurs droits. C’est vrai que le Sénégal a mené beaucoup d’activités. Le Sénégal a ratifié l’ensemble des conventions et des traités. Il y a tout un dispositif qui a été mis en place en partant de la case des tout-petits, des structures de prise en charge comme le centre Gindi et l’action des ministères sectoriels, notamment le ministère de l’Intérieur à travers la brigade spéciale des mineurs, le ministère de la justice à travers la direction de l’éduction surveillée, mais également la direction de l’action sociale. Pour toutes ces raisons, nous croyons que le gouvernement du Sénégal a mis en place des conditions favorables pour l’épanouissement de l’enfant.
Malgré tout cela, nous avons remarqué que l’accessibilité de ces services n’est pas homogène, parce que le territoire national n’est pas complètement couvert. Il y a une fragmentation des activités qui fait qu’il y a des chevauchements entre les différents intervenants.
En dépit de ce dispositif, les enfants sont toujours en difficulté…
La conséquence immédiate est qu’il y a un manque de coordination entre l’État, les partenaires techniques et financiers, la société civile et les Ong. Ce qui fait qu’il n’y a pas un cadre légal de référence de mise en œuvre de ces politiques. Finalement, les services de protection souffrent d’un manque criant de personnel qualifié. Ces facteurs font qu’aujourd’hui le mécanisme de protection de l’enfant n’est pas opérationnel par rapport à ce qu’il devait être. Pour corriger cela, nous avons entrepris de mettre en chantier un dispositif institutionnel intitulé la stratégie nationale de protection de l’enfant qui doit, à terme, mettre sur pied un système intégré de protection de l’enfant de manière durable avec des services de qualité.
Cette stratégie nationale a été élaborée suivant un processus consensuel. Plusieurs cadres de concertation ont été mis en chantier avec l’ensemble des acteurs du Sénégal. Ces cadres ont abouti à un consensus.
Et un comité restreint a pu matérialiser les conclusions des échanges entre les différents acteurs. La stratégie va permettre de mettre en place un cadre légal et règlementaire qui puisse fédérer l’ensemble des interventions pour une plus grande efficacité. Elle va permettre de renforcer les services de protection de l’enfant par la mise en œuvre de schémas de prise en charge. Nous souhaitons aussi amener les populations à un changement de comportement.
Propos recueillis par B. DIONE