Le Monde.fr avec AFP | 15.08.2016
Si l’Union européenne n’autorise pas d’ici à octobre les Turcs à voyager sans visa, l’accord sur les migrants devra être « mis de côté », a prévenu le ministre des affaires étrangères turc, dans un entretien au quotidien allemand Bild.
Les Européens « nous humilient au lieu d’aider la Turquie », déplore
, qui estime que son pays a travaillé « comme peu d’autres pays pourremplir les conditions d’adhésion à l’Union européenne », mais qu’il ne récolte en retour « que des menaces, des insultes et un blocage total ».
« Je ne veux pas évoquer le scénario du pire, les discussionsavec l’UE se poursuivent, mais il est clair que soit nous appliquons tous les traités en même temps, soit nous les mettons de côté. Il n’est pas possible que nous appliquions tout ce qui est bon pour l’UE mais que la Turquie n’obtienne rien en retour. »
Les Européens et les Turcs ont négocié en mars un accord visant à freinerl’arrivée de migrants et de réfugiés dans l’UE en contrepartie d’une aidefinancière et de facilités accordées à Ankara.
La mise en œuvre anticipée de la libéralisation des visas pour les citoyens turcs faisait théoriquement partie de ces conditions, tout comme une aide financière supplémentaire de la part de l’Europe (3 milliards d’euros en plus de 3 milliards déjà accordés), ainsi que l’accélération du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union.
De son côté, Ankara doit garantir le retour en Turquie de toutes les personnes qui arriveront illégalement sur les îles grecques de la mer Egée, selon le principe du « un pour un » (« pour chaque Syrien renvoyé en Turquie depuis les îles grecques, un autre Syrien sera réinstallé de la Turquie vers l’UE en tenant compte des critères de vulnérabilité des Nations unies »).
Menaces de suspension
Cet accord a permis de réduire très fortement les arrivées de réfugiés et de migrants en Europe, après le pic de 2015 qui avait vu plus de un million d’entre eux débarquer dans les îles grecques. Mais les autorités turques, qui jugent que l’UE n’a pas tenu ses promesses, ont multiplié ces dernières semaines les menaces de suspension.
Dans une interview publiée par Le Monde, où il reproche aux Occidentaux d’avoir laissé les Turcs « seuls » après la tentative de putsch du 15 juillet, le président Recep Tayyip Erdogan a menacé de ne plus réadmettre de migrants et de réfugiés sur le territoire turc.
« L’accord de réadmission et l’exemption de visa devaient entrer en vigueur simultanément le 1er juin. Nous sommes aujourd’hui en août et il n’y a toujours pas d’exemption de visa. Si nos demandes ne sont pas satisfaites, les réadmissions ne seront plus possibles. »