Une fois n’est pas coutume! Pour la première fois depuis qu’il est porte-parole de Khalife Général des Mourides, SERIGNE BASSIROU ABDOU KHADRE s’est livré à un plateau de presse. Il a, en effet, accepté d’être face à Dakaractu et de répondre, à bâtons rompus aux différentes interpellations qui intéressent le mouridisme, sa communauté et sa cité religieuse. Pour vivre pleinement ces moments, votre site préféré s’est déplacé sur Touba.
Diverses questions ont été abordées. Le magal et son organisation, les caricatures du Cheikh, le gâteau de Viviane, les photos à l’effigie du Saint homme brandies dans le milieu du sport et du showbiz, les cheikhettes de Cheikh Béthio, son rôle de porte-parole, les rumeurs sur le retard accusé dans la réalisation des chantiers de Touba et de Massalikal Jinan etc… Il nous a été donné de savoir que sur 300 milliards, Touba ne gagne que près de 100 millions lors du magal, que le réseau d’assainissement à Touba était loin d’être achevé… Entretien.
Dakaractu : Serigne bi, merci d’accepter cet entretien. Le magal, c’est pour bientôt. Quelles seront les innovations ?
Serigne Bassirou Abdou Khadre : Nous essayons à chaque édition d’apporter une touche nouvelle au magal. Pour cette fois aussi, nous mettrons l’accent sur les conférences religieuses au niveau des régions du Sine-Saloum. Nous serons aussi à Bambilor et à Dakar pour un symposium lors duquel des pays étrangers seront invités. La seule modification concernera les expéditions à l’étranger. Elles n’auront pas lieu cette année. Par le passé, nous avons été en France, au Canada, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis et au Gabon. Cette année, plusieurs pays comme l’Afrique du Sud, la Turquie, le Brésil, le Maroc, la Belgique, le Portugal avaient demandé à recevoir la délégation. Serigne Mourtada Mbacké s’est beaucoup déplacé pour distiller les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba. Sur les traces de celui-ci, il y a Serigne Mame Mor. Par conséquent, c’est un travail non négligeable.
Touba, tire-t-elle des retombées économiques de son magal?
Pas véritablement. Touba ne tire presque aucun profit financier. C’est la commune qui devrait bénéficier de ses retombées économiques. Nous, au sein du comité d’organisation, nous n’acceptons pas de faire de la publicité ou de trouver des sponsors. La commune, d’après les informations glanées et qui résultent d’études mathématiques profondes, ne récoltent même pas 100 millions de francs sur un pactole qui se situe dans entre 200 et 300 milliards (…) La grande réussite du magal c’est toutefois sa capacité à fédérer les confréries et les musulmans, de manière générale. C’est l’appel que lançait Cheikh Ahmadou Bamba. Aujourd’hui, nous faisons un et nous sommes indivisibles. Touba est devenue un lieu de rendez-vous pour la Oumma islamique.
La réalité est terrible à Touba. La cité est inondée. S’agirait-il d’un réseau d’assainissement défectueux ?
Le ministre Diène Farba Sarr est déjà venu à Touba. Je l’avais déjà tenu informé, par personne interposée, des risques que courait la cité par rapport aux inondations. C’était du temps où le Khalife était à Dakar pour prier pour les pèlerins qu’il convoyait pour la Mecque. Il m’avait dit qu’il pensait que le volet assainissement était achevé depuis belle lurette. Je lui ai signifié que ce n’était pas encore le cas. Touba est grande. Plusieurs quartiers situés jusqu’à 16 kilomètres du centre-ville ne sont pas concernés par ce réseau. Nous félicitons le Président Sall pour les milliards investis. La grande mosquée et ses environs ne sont plus pris en otage par les eaux pluviales. Une délégation est aussi venue vendredi pour me faire part des mesures prises pour évacuer les eaux. J’avais prévu de louer des camions pour soutenir les populations et soutenir le Gouvernent, par la même occasion, car je suis conscient de la lourdeur des tâches qui l’attend un peu partout dans le Sénégal. Vous étiez là quand je prenais cette décision. Ce n’était pas dans mes intentions de rendre publique cette décision. C’est alors qu’ils se sont engagés à le faire à ma place. J’ai remarqué, le lendemain, qu’ils ont tenu promesse. Les inondations sont un véritable calvaire pour les populations. Le Khalife compatit à leurs souffrances. Certaines familles étant obligées de quitter leurs maisons pendant la période hivernale.
Qu’est-ce qu’il faut retenir à ce propos ?
Serigne Saliou avait beaucoup fait, sur fonds propres, entre 1992 et 1993 afin d’assainir la cité. C’est ce que vous pouvez voir entre Darou Khoudoss et Dianatoul Mahwa. Rien n’a été ajouté jusqu’à 2010. Le Président Wade a prolongé le travail jusqu’à Touba 28 à partir de la mosquée. Avec le Président Sall, la mosquée a été ceinturée la mosquée et le réseau touché Niary Étages et les cimetières. Finalement, c’est le centre-ville qui est concerné.
Comment expliquez-vous cette insécurité galopante à Touba ? Quelles sont les mesures prises dans ce sens par l’Etat ?
Nous n’avions il y a deux ans, à notre disposition, qu’un commissariat de police et une brigade de gendarmerie avec un personnel au nombre limité. Entre temps, la ville a décuplé. L’insécurité était devenue terrible puisque chaque jour, on avait vent d’attaques, de braquages. Le Khalife m’avait, au temps de l’affaire Dangote, instruit d’en informer le Président de la République. Il m’avait mis en rapport avec le ministre Augustin Tine. Un escadron a été installé et grâce à leur travail, l’insécurité s’est beaucoup amoindrie.
Et le rôle joué par Safiantoul Amane. Le jugez-vous efficace ?
Voilà une structure qu’il faut soutenir à cause de leur tâche difficile. Ils méritent d’être aidés en matériel car ils nous aident à maintenir intact le caractère religieux de la cité.
L’actualité a été monopolisée par cette histoire de gâteau à l’effigie de la grande mosquée…
Je regarde très peu la télévision. Mais j’ai été informé de cette affaire. Une délégation est venue m’en parler. Ils avaient même projeté de saisir la justice. Les choses ne fonctionnent pas ainsi. Ici, c’est au Khalife que revient la latitude d’apprécier la nécessité de réagir quand il y a un problème de ce genre. Il y a une discipline à respecter. Toutefois, ceux qui s’emmurent dans les mondanités devraient arrêter de jouer avec Serigne Touba. Serigne Touba n’a rien à voir avec ce qu’ils font. Toutefois, ils sont excusés dès l’instant qu’ils ont présenté leurs excuses. Mais s’excuser quand on a fauté, c’est bien, mais ne pas récidiver est encore meilleur.
Des photos à l’effigie du Cheikh sont aussi brandies dans les stades, arènes et dans le milieu du showbiz.
Ceux qui jouent et qui pensent que Serigne Touba peut leur venir en aide et leur permettre d’avoir une réussite quelconque se trompent lourdement. Il ne répondra jamais à ceux qui versent dans les mondanités. Il ne joue pas et il n’a jamais indiqué à quelqu’un de jouer. Les mondanités ne sont pas son domaine. Ceux qui le font devraient arrêter!
Quelle appréciation faites-vous de l’histoire des Cheikhs et des Cheikhettes ? Qu’en a dit le Khalife ?
C’est Serigne Touba qui élevait des personnes en « Cheikh ». Avant de retourner vers son Créateur, il a dit qu’il avait cessé de le faire. Les personnes désignées pour cette consécration étaient suffisamment formées, éduquées pour paraitre comme tels. Aujourd’hui, c’est presque galvaudé. C’est la raison pour laquelle, il a formellement interdit cette manie.
Parlons des mosquées de Touba et de Massalik qui sont en chantier. Il y a tout de même des retards énormes…
Je ne voulais pas en parler. Toutefois, il me revient, parfois, d’éclairer la lanterne des talibés sur certaines questions. La mosquée de Touba a un problème d’étanchéité à cause des points de fixation des minarets qui cédaient laissant tomber des carreaux. Ces carreaux, en tombant, trouaient le plafond. Le résultat : l’eau suintait. Le Khalife m’avait chargé de trouver une solution. Un appel d’offres a été lancé. Maintenant, c’est l’architecte qui avait commis l’erreur de donner un délai de 15 mois pour terminer le travail sans prendre langue avec l’entreprise. C’est pourquoi tout le monde pense que l’ouvrage a accusé un retard dans sa réalisation. Les coûts sont faramineux avec le marbre qui est de qualité rare. (…). L’usinage de ce marbre se fait entre plusieurs pays européens. Les carreaux requièrent une technicité singulière.
C’est pareil pour la mosquée Massalikoul Jinan. Les rumeurs ne se justifient pas et l’ouvrage devrait être intégralement livré d’ici l’an prochain. Pour le volet financier, l’argent ne peut être décaissé que sur trois signatures qui sont celles de Serigne Ahmadou Mokhtar, de Serigne Mountakha et de lui-même. Le Khalife avait demandé que je fasse partie des personnes qui doivent signer. Mais…
Comment conciliez-vous votre vie de famille et le porte-parolat ?
Je rends grâce à Dieu. C’est à cause de Serigne Touba que tout cela est possible. Je n’ai jamais de stress. J’ai la ferme conviction que toutes les volontés de Cheikh Ahmadou Bamba se réaliseront.