Le 13 octobre, 2016 à 50 ans, Déguène Chimère Diallo est décédée des suites d’une maladie, laissant derrière elle un mari éploré, des enfants orphelins et des collègues tristes. Touba sera sa dernière demeure.
Elle était connue comme une animatrice chevronnée. Et pourtant, Déguène Chimère Diallo était, à la base, une spécialiste de la gestion. Elle avait suivi une solide formation en comptabilité et gestion avant de se rendre à Paname pour y faire une autre formation en gestion hôtelière et en informatique. Mais c’est dans la communication qu’elle a fini par exceller grâce au défunt patron de Excaf Télécom, Ben Bass Diagne.
Ses débuts dans la presse
“J’étais venue en vacances. C’est là qu’un parent de mon père, le Pdg du groupe Excaf communication (feu Ben Bass Diagne) m’a approchée un jour chez mes parents afin que je fasse un essai à la radio. Parce qu’il trouvait que j’avais une voix radiophonique. Quand j’ai fait le test, ça s’est bien passé et j’ai aimé. J’ai commencé des émissions et c’est ainsi que je suis finalement resté au Sénégal pour démarrer ma carrière en 1995. C’est sous la houlette de feu Gora Guèye (je ne me lasserais jamais de lui rendre hommage). Il m’a appris les notions du journalisme. Je suis allée jusqu’à présenter de grandes éditions en français, ou encore faire des correspondances à RFI et ça, c’est quelque chose. Il y avait aussi Hady Wade, Abdoulaye Lam, El Hadj Tandian Diouf qui m’ont beaucoup encadrée et aidée. De fil en aiguille, j’ai commencé à faire des émissions comme «xam sa waruugar» avec l’ordre des avocats, «disso ci biir keur». C’est ainsi que j’ai créé «Confidence», racontait-elle dans une interview à l’Observateur.
Elle était dotée d’une excellente capacité d’écoute
En effet, Déguène Chimère a toujours eu une capacité d’écoute et de réconfort. C’est pourquoi elle était à l’aise dans des émissions de ce genre. “J’étais naturellement la confidente de tous mes amis. Les gens avaient une facilité à se confier à moi et je me suis dit pourquoi pas ? Ceci pour permettre aux gens de lever des tabous. Parce que notre société regorge de sujets comme l’inceste, le viol, la pédophilie etc… Donc permettre aux gens d’en parler dans l’anonymat était une manière de soulever des barrières. Avec nos maigres moyens, on l’a commencé et ça a fait tilt”, disait-elle.
En 2000, elle démissionne d’Excaf pour être actionnaire et directrice générale de Diamono fm. L’expérience ne durera que le temps d’une rose. Elle finit par avoir des problèmes avec ses partenaires. Un procès s’en est suivi. Procès qu’elle a gagné. Plus tard, elle travaillera à Océan Fm, fera quelques piges à Seneweb et finit par créer son agence de Communication et de Marketing social dotée d’un site internet (www.dechiba.com), d’une Webtv (Bégué TV) et d’une radio online (Begue Radio).
Comment est-elle venue à la Tfm
Lorsque la Tfm démarrait ses programmes, le premier directeur de cette télé, Moustapha Diop, un ancien de la 2stv, la contacte pour lui confier l’émission “wareef”. “Quand je suis venue, il m’a donné le concept et j’ai senti que je pourrais le faire”, disait-elle dans une interview avec “L’Observateur”. Et c’est parti pour une aventure qui a duré des années avant que la maladie ne s’invite dans sa vie, l’obligeant à céder l’émission à Eva Tra, ancienne animatrice de la 2Stv.
Sa complicité avec son mari, Me Abdoulaye Babou
Lorsqu’elle parlait de son mari, c’est pour user de superlatifs, tellement elle était fière d’avoir un époux comme Me Abdoulaye Babou. “Vous savez, c’est un sentiment très fort qui nous lie. Et parfois une femme arrive à un degré d’amour au point de devenir la mère de son époux. Je veux dire par là qu’une maman ne veut que le meilleur pour son enfant, elle a envie de le protéger, elle aimerait qu’il ait mieux que ce qu’elle a eu. Et, vous savez mon mari me protège, m’entretiens, me donne de la joie. Celui-là vraiment ,par la grâce Dieu, je ne lui dois qu’allégeance. Je vais te dire un secret, j’ai fais acte d’allégeance pour lui. Je sais qu’il n’aimerait pas que je le dise. C’est à dire qu’il passe la plupart de la nuit à prier. Alors, moi un matin à l’aube, je me suis réveillée et il était sur la natte de prière. Je suis descendue du lit, j’ai rampé vers lui et très sérieusement, je lui ai dit que je voulais lui faire acte d’allégeance. Et vous savez, c’était très émouvant et il me l’a accordé et je l’ai fait. Donc il est mon mari et mon marabout. Il a tout ce qu’il faut pour être un bon marabout et c’est vraiment l’homme idéal”, témoignait-elle sur son mari. L’avocat le lui rendait bien aussi. “Je resterai avec mon épouse Déguène Chimère Diallo pour la Vie. Elle restera mon unique épouse jusqu’’à la fin de mes jours», jurait Me Babou, à l’émission “Sortie” de Walf Tv.
Déguène Chimère : “Dieu m’a aidé”
Quand vous l’interrogiez sur sa vie, elle ne cessait de rendre grâce à Dieu, le Seigneur qui ne lui a pas donné de progéniture, mais qui lui a donné le coeur de couver et d’éduquer les enfants de son mari, nés d’un précédent mariage. Elle n’a pas enfanté, mais elle était une femme comblée, une maman attentionnée. Lorsqu’on disait du mal d’elle, elle en rigolait, laissant tout entre les mains de Dieu.
“Vous savez le seigneur m’a aidé. Je suis quelqu’un qui sait accuser les coups. Si tu vivais avec moi, tu te dirais, mais celle-là rien ne la dérange. C’est un soubassement spirituel en moi. Pour moi, rien n’est hasard dans cette vie. Donc pour tout ce qui m’arrive, je rends grâce à Dieu. Et vous savez après la pluie, c’est le beau temps. Et peut être si le bon Dieu n’avait pas créé ça, il ne me donnerait pas autre chose”, disait-elle.
Ainsi vivait Déguène Chimère. Que Dieu l’accueille au Paradis.
Auteur: seneweb News