Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 20/10/2016 à 16:53
Fred Dewilde publie ce vendredi « Mon Bataclan », une BD dans laquelle il fait le récit de son expérience.
DR Lemieux Editeur
Dans « Mon Bataclan », le graphiste Fred Dewilde raconte en images et en mots son effroyable 13 novembre 2015. Cette BD sera présentée jeudi soir à plusieurs survivants de l’association Life for Paris, avant sa parution vendredi.
13 novembre 2015. Pendant deux heures, Fred est resté allongé, pétrifié, dans la fosse du Bataclan. Dans la pénombre, sa main rencontre celle de sa voisine, une inconnue qui s’appelle Élisa. Ils sont vivants mais baignent dans le sang. Dans Mon Bataclan, une bande dessinée à paraître vendredi aux éditions Lemieux, le graphiste miraculé raconte avec subtilité son éprouvante expérience.
Ce jeudi soir, cette BD écrite par un survivant du Bataclan sera présentée à des survivants de l’association Life for Paris avant sa parution vendredi, indique Le Parisien.
Deux heures de calvaire
Le dessin est en noir et blanc. Les terroristes représentés sous forme de squelettes, ont le visage blême de la mort. Quand ils commencent à tirer, « nous ne sommes plus qu’un masse grouillante de vivants, de blessés, de morts, une masse de peur, hurlante de terreur », se souvient Fred.
Dans « Mon Bataclan », Fred Dewilde fait le récit en BD de sa nuit d’horreur, le 13 novembre 2015.
DR Lemieux Editeur
Il se retrouve allongé près d’un mort: « je prends la mesure de ce qu’on est en train de vivre. Je suis encore vivant… Un vivant chez les morts ».
Sur sa gauche gît une jeune femme. Blessée mais vivante. « Elle pourrait être ma fille », se dit Fred. C’est Elisa. A voix basse, ces deux là qui ne se connaissaient pas tentent de se réconforter. « On se détache de cette horreur, on se crée une bulle d’humanité ».
Ils savent qu’au moindre cri les assassins tireront sur eux. Chacun tient pour que l’autre puisse tenir. Surtout ne pas craquer. Leur calvaire durera deux heures jusqu’à l’arrivée de la police.
Et après? « Vivre encore »
La deuxième partie de l’album s’intitule « vivre encore » et on s’aperçoit que cela ne va pas de soi. « Est-ce vraiment utile de se laver aujourd’hui? Manger? Pas faim! ». Il faut vivre avec la peur du bruit, la peur tout court. Fred raconte être devenu « incapable » de rester concentré plus de quelques minutes.
Pour se reconstruire, Fred peut compter sur sa famille. « Ma femme m’a porté ». Il y a aussi l’humour (« Mon côté Monthy Python« ). Dans la fosse du Bataclan, il a trouvé la force de raconter des blagues à Elisa.
Dans « Mon Bataclan », Fred Dewilde fait le récit en BD de sa nuit d’horreur, le 13 novembre 2015.
DR Lemieux Editeurs
L’album Mon Bataclan aussi l’a aidé à refaire surface. « Comme par hasard, j’ai fini les dessins le vendredi 13 mai. Six mois après, jour pour jour ».
Fred Dewilde affirme qu’il n’a « pas réussi à haïr » après le Bataclan. Il ne faut « pas tomber dans la peur du foulard, du basané, de l’autre », écrit-il dans un postface rédigée après l’attentat de Nice.