Par RFI Publié le 14-12-2016
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence ce mardi 13 décembre à New York sur la situation des civils dans les quartiers rebelles d’Alep. Pour l’ONU, cette journée marque surtout son échec à peser de son poids dans la résolution de la crise syrienne. Avec l’accord trouvé entre les rebelles et le gouvernement syrien, l’évacuation des combattants et des civils qui le souhaitent devrait commencer dans les toutes prochaines heures et se terminer en fin de journée.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Il y a un mois, l’envoyé spécial de l’ONU avait averti qu’Alep-Est ne serait plus que tas de cendres à la période de Noël. L’organisation savait depuis le début ce qui allait se passer : une escalade militaire suivie d’une épuration politico-confessionnelle. Les diplomates l’ont répété à longueur de réunion d’urgence ces dernières semaines.
Alep ne devait pas devenir le nouveau Guernica et Srebrenica, mais c’est effectivement se qui s’est produit sous leurs yeux. Le conseil de sécurité s’est retrouvé complètement paralysé par la Russie, membre permanent, juge et partie à cette crise, et qui a empêché toute action.
« L’histoire ne nous pardonnera pas facilement »
L’ONU a été incapable d’agir, reconnaît son secrétaire général Ban Ki-moon : « Nous avons collectivement échoué à aider les civils syriens. L’histoire ne nous pardonnera pas facilement. Et cet échec nous oblige à faire encore plus pour offrir au peuple d’Alep notre solidarité en ce moment. »
Maintenant, ce que peut faire l’ONU à court terme, c’est obtenir un accès rapide à Alep pour livrer de l’aide alimentaire et humanitaire. Et surtout s’assurer que l’évacuation des combattants et des civils se fait en toute sécurité, car l’ONU a déjà évoqué des disparitions forcées ou des assassinats par les membres des forces de sécurité syriennes.
A moyen terme, l’ONU peut faire en sorte qu’Idlib, la ville où sont évacués les combattants, et qui reste une toute petite poche de résistance à Bachar el-Assad, ne devienne pas le futur Alep. C’est une crainte à New York, et l’ONU assure faire tout son possible pour l’éviter.
A plus long terme, l’ONU continue à réclamer la reprise des négociations politiques, même si les leviers de négociation sont de plus en plus faibles avec cette victoire militaire de Bachar el-Assad.
La France demande une réforme du Conseil de sécurité
L’ambassadeur français François Delattre dénonce les jeux de dupes à l’œuvre depuis le début de la crise. « Cette tragédie est le résultat de la sauvagerie des uns, de la complicité active et du cynisme absolu des autres, mais aussi de beaucoup de lâcheté et d’indifférence et, il faut avoir le courage de le dire, de l’impuissance de la communauté internationale et de l’ONU », a-t-il déclaré.
La France a une nouvelle fois demandé une réforme du Conseil de sécurité avec la suspension du droit de veto en cas de crime de masse.