Dans son premier discours public, Mike Pompeo a ciblé le site de Julian Assange comme une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
De notre correspondant à Washington,
Pour sa première intervention publique, dix semaines après son entrée en fonction, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, a désigné un ennemi de l’Amérique apparemment supérieur à tous les autres: WikiLeaks. Le site fondé par Julian Assange, qui se consacre à la divulgation de secrets d’Etat, n’est rien d’autre qu’un «service de renseignement ennemi», qui «menace la sécurité nationale», fait «cause commune avec des dictateurs» et se «serait trouvé du mauvais côté de l’histoire» dans les années 1930 et 40.
Cette charge ciblée peut surprendre dans un contexte de terrorisme international, de guerre contre l’Etat islamique et de défi nucléaire de la Corée du Nord. D’autant que Donald Trump a, durant la campagne, maintes fois applaudi les révélations de Julian Assange sur les courriels de Hillary Clinton, déclarant en octobre dernier: «J’adore WikiLeaks».
L’homme qu’il a nommé à la tête de la CIA n’est pas sur la même ligne. Début mars, le site avait exposé les techniques de cyberespionnage de la centrale, portant un coup à sa crédibilité et à ses opérations. Le courroux de Pompeo a semble-t-il été décuplé par la parution mercredi dans le Washington Post d’une tribune d’Assange affirmant: «WikiLeaks a la même mission que le Post et le Times». «Les fausses allégations doivent être dénoncées, a déclaré le chef espion devant le Conseil d’études stratégiques et internationales de Washington (CSIS). Wikileaks parle et se comporte comme un service d’espionnage non-étatique hostile».
«Julian Assange fait équipe avec des dictateurs, il est le chéri des terroristes»
Mike Pompeo, le directeur de la CIA
Julian Assange, Australien réfugié depuis 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres pour échapper à une accusation de viol en Suède, en prend pour son grade: «Il fait équipe avec des dictateurs, il est le chéri des terroristes», accuse le directeur de la CIA. En janvier, un rapport du renseignement américain avait accusé la Russie de lui avoir transmis les éléments piratés durant la campagne dans des serveurs informatiques démocrates.
Julian Assange et Edward Snowden, auteur de fuites sur les programmes de surveillance de la NSA, ne sont que «des escrocs, des lâches derrière leurs écrans, des narcissiques sans compas moral, qui ne créent aucune valeur» et n’hésitent pas «à mettre des vies en danger pour assurer leur notoriété», assène Pompeo. Il assure que plus de mille groupes terroristes ont modifié leurs communications après les révélations de Snowden. Il évoque aussi le précédent de Philip Agee, un ancien espion qui avait dévoilé en 1974 l’identité du chef de poste de la CIA à Athènes, Richard Welch, assassiné un an plus tard par le groupe terroriste du 17-Novembre.
Transgressions de Téhéran
Plus prudent pour commenter l’actualité, Mike Pompeo affirme être «sûr des faits» impliquant le régime syrien dans les dernières attaques chimiques. Les tirs de missiles américains en représailles sont «quelque chose dont l’Iran devrait prendre note», ajoute-t-il, expliquant que «la liste des trangressions (de Téhéran) s’allonge spectaculairement». Quant à l’aide attendue de la Chine pour neutraliser le programme nucléaire et de missiles balistiques de la Corée du Nord, «je compte fermement dessus», dit-il. A entendre l’ancien élu du Kansas, proche du Tea Party et de Donald Trump, les tensions entre la CIA et le président appartiennent au passé. «La relation est fantastique, proclame-t-il. La Maison-Blanche est une consommatrice avide de notre production d’informations».