« Le Parisien » a pu consulter les résultats de la contre-expertise demandée par la famille du jeune homme de 24 ans décédé en juillet 2016.
PAR 6MEDIAS
Modifié le 04/07/2017 à 22:35 – Publié le 04/07/2017 à 22:29 | Le Point.fr
La famille de la victime avait demandé à ce que l’enquête soit dépaysée, critiquant notamment la conduite de l’enquête et les propos du procureur de Pontoise. © NurPhoto
Les résultats de la contre-expertise demandée par la famille d’Adama Traoré après sa mort le 19 juillet 2016 ne vont pas plaire à tout le monde. Le Parisien révèle mardi soir avoir pu consulter les conclusions datées du 22 juin dernier de l’examen mené par le professeur Jean-Patrick Barbet et le docteur Pierre Validiré. Les conclusions établies viennent contredire les affirmations de l’ex-procureur de Pontoise, Yves Jannier, aujourd’hui devenu avocat général auprès de la Cour d’appel de Paris, lors de la mort du jeune homme à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise) au cours de son interpellation par des gendarmes.
Ainsi, dans leur rapport, les deux médecins indiquent qu’ « aucun signe ne permet d’évoquer un état infectieux antérieur » chez Adama Traoré. Cette thèse d’une « infection très grave » qui n’aurait pas été mentionnée dans l’autopsie de l’époque était celle qu’avait avancé le magistrat à l’époque afin d’expliquer la mort du jeune homme de 24 ans dans le cadre de son arrestation. Yves Jannier évoquait également l’absence de traces de violences et ne faisait pas mention d’un possible décès par asphyxie. Ce, alors même que l’un des deux rapports d’autopsie présentés dans l’affaire indiquait qu’Adama Traoré était mort en raison d’un « syndrome asphyxique », possiblement causé par la façon dont il avait été appréhendé par les gendarmes.
Un « état asphyxique aigu »
Or, les conclusions de cette contre-expertise demandée par la famille du jeune homme viennent valider la thèse de la mort par asphyxie. « L’ensemble des constatations permet de conclure que la mort de Monsieur Adama Traoré est secondaire à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation – à l’occasion d’un effort et de stress », indiquent ainsi les experts cités par Le Parisien. Pour rappel, lors de son interpellation, le jeune homme avait fermement été maintenu au sol par trois gendarmes. C’est à ce moment-là qu’il aurait déclaré avoir « du mal à respirer » sous la pression du « poids du corps » des trois gendarmes, selon les propos de l’un d’eux auditionnés dans le cadre de l’enquête, et confirmés par plusieurs collègues. Son décès a été constaté une heure et demie après son interpellation.
La famille d’Adama Traoré avait demandé en octobre dernier à ce que l’affaire soit dépaysée, critiquant notamment la façon dont l’enquête avait été menée, ainsi que les propos du procureur de Pontoise. Leur requête avait été acceptée à Paris en décembre et Yves Jannier avait alors été désaisi de l’affaire.