L’appel au référendum lancé par le chef de l’Etat s’est vu opposer un rejet significatif à travers l’adhésion au « non » prôné par de très larges secteurs de la société civile, des partis politiques et d’individualités indépendantes. On peut déjà estimer en toute objectivité que les principaux objectifs initialement escomptés de la tenue du référendum sont battus en brèche par les alliances de circonstance fédérées autour du « non » au chef de l’Etat. C’est dire que l’avenir immédiat est porteur des germes de la division voire de la violence.
Pour ma part, j’estime qu’il n’est pas encore trop tard pour que le Président de la république prenne les mesures d’urgence suivantes :
Annuler l’appel au référendum ;
Ouvrir une plateforme inclusive de discussions respectueuse des formes républicaines d’un dialogue sérieux sur la base du rapport final de la Commission nationale de réforme des institutions ;
Faire en sorte que cette concertation nationale débouche sur des solutions consensuelles immédiatement applicables et libérer les points de réforme proposés par le chef de l’Etat du halo d’urgence qui les rend inopérants voire nocifs dans l’état où ils sont présentés ;
Dégeler l’atmosphère sociale, arrêter les tentatives d’intimidation de toute façon inopérantes et préparer les conditions de consultations électorales transparentes et équitables avec des scrutins et des conditions de vote acceptables par toutes les parties en lice.
L’examen trans partisan de toutes les questions urgentes soulevées par les forces vives de la nation est arrivé à terme. Son caractère imparable tient en ce que le pays va mal et qu’un terme doit être mis aux souffrances indicibles du peuple. Il ne sert à rien d’écouter les zélateurs et les opportunistes de tous crins toujours prêts à changer de bandoulière le moment venu. Le courage en politique, c’est de savoir reculer pendant qu’il est temps de se faire entendre et non lorsqu’il est trop tard d’être écouté.
J’appelle respectueusement le Président de la République à prendre immédiatement les mesures conservatoires proposées par la représentation de toutes les parties prenantes pour éviter au peuple sénégalais de nouvelles difficultés ou une tragédie dont on aurait pu se passer.
Comme partout ailleurs en Afrique et à travers le monde, la conscience nationale n’accepte plus le renforcement ou la pérennisation du pouvoir exécutif par le truchement de l’aventurisme constitutionnel, de la ruse ou du reniement de la parole donnée.
En soumettant les vues constructives articulées ici, j’ai tenu à m’acquitter de mon devoir d’homme libre entièrement soumis à la volonté du peuple souverain. Au cas où les conditions examinées plus haut resteraient en l’état, je voterais NON au vote du simulacre de réforme constitutionnelle soumis au collège électoral et appellerais tous ceux qui peuvent écouter la voix de la raison à faire de même.
Jacques Habib Sy