L’ONU soupçonne la Corée du Nord de développer son arsenal nucléaire grâce à la vente de monuments à des pays africains, selon « Courrier international ».
PAR 6MEDIAS
Des statues monumentales à la gloire de figures africaines… Ce serait notamment grâce à elles que la Corée du Nord financerait son programme balistique et nucléaire. Le pays échapperait ainsi aux sanctions économiques prévues par l’ONU, révèle Courrier international. L’entreprise d’État nord-coréenne, Mansudae, qui fait l’objet de sanctions de l’ONU depuis 2016, construit ces monuments présents sur tout le continent africain.
Et les revenus de Mansudae en Afrique seraient à la hauteur des monuments édifiés. Ils s’élèveraient à plus de dix millions de dollars, selon Hugh Griffiths, à la tête du groupe d’experts sur la Corée du Nord de l’ONU chargé de surveiller l’application des sanctions. « Mansudae travaillait sur de gros chantiers de construction dans pas moins de 14 États membres [de l’ONU] en Afrique. Il construisait toutes sortes d’infrastructures, des usines de munitions aux palais présidentiels, en passant par des immeubles résidentiels », explique-t-il. Mansudae collabore également avec la Korea Mining Development Trading Corporation (KOMID), qui serait, selon les États-Unis, le principal marchand d’armes de la Corée du Nord. L’entreprise figure d’ailleurs sur la liste de sanctions depuis 2009.
« Il n’y aura pas de second avertissement »
L’entreprise nord-coréenne est particulièrement présente en Namibie. Aux alentours de la ville de Windhoek, la statue de l’homme politique namibien Sam Nujoma, qui brandit la Constitution du pays, s’érige devant le Musée national. Le nouveau palais présidentiel s’est aussi offert un immense aigle de cuivre. À Dakar (Sénégal), le monument de la renaissance mesurant quelque quarante mètres de haut aurait coûté plusieurs millions d’euros. D’autres mémoriaux, statues et ornements en tout genre, sortis des ateliers Mansudae, décorent le sol de nombreuses villes du continent.
Netumbo Nandi-Ndaitwah, la vice-Premier ministre de la Namibie, assure pourtant que « tous les contrats ont été signés avant les sanctions de l’ONU » et que tous les représentants nord-coréens ont quitté le pays. Elle affirme également que la Namibie a remis des rapports réguliers au groupe d’experts de l’ONU. Hugh Griffiths rétorque que le pays a laissé sans réponse certaines demandes spécifiques requises depuis plus d’un an par le groupe d’experts. « Le groupe s’est déjà rendu en Namibie auparavant et il n’y aura pas de second avertissement », a déclaré Hugh Griffiths, avant d’ajouter : « Si nous y retournons, ce ne sera pas une visite de courtoisie. Nous avons besoin de preuves. »