Alain Minc, invité d’Olivier de Lagarde, dénonce « l’élitisme républicain » et appelle au déblocage de l’ascenseur social.
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Alain Minc est un essayiste, conseillé politique, économiste et dirigeant d’entreprise. Inspiré par le livre de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers, il dénonce déjà en Mai 68 la reproduction sociale des inégalités. 50 ans plus tard, il continue cette lutte contre le blocage de l’ascenseur social, plus prononcé encore qu’auparavant. Il publie fin janvier 2018 un nouvel ouvrage intitulé Une humble cavalcade dans le monde de demain aux éditions Grasset.
Olivier de Lagarde : Ce sont les Trente glorieuses qui ont permis à l’ascenseur social de fonctionner de plus en plus rapidement.
Alain Minc : Ce n’est pas parce que la croissance économique était de 3 à 4% par an que l’école avait le talent, ce qui était le cas, de distinguer les très bons éléments et de les pousser tout en haut. Aujourd’hui, nonobstant la période économique dont nous sortons, c’est-à-dire une période plus difficile (…), la machine ne fonctionne pas de la même manière.
Pourquoi la méritocratie républicaine n’est plus la règle aujourd’hui ?
Ce n’est pas qu’il y a moins d’enfants doués issus de milieux modestes, c’est tout simplement que le système les repère moins. Le système les forme moins bien donc les enfants qui ont le plus gros capital culturel, on revient à Bourdieu il y a 50 ans, sont avantagés. (…) La vraie hiérarchie sociale c’est le capital culturel. De ce point de vue, lorsqu’aux dîners de famille vous apprenez les enjeux contemporains, lorsque vous bénéficiez de conversations où les talents de la dialectique se manifestent, vous avez un immense avantage. Il était corrigé par l’école, il l’est infiniment moins.