Philippe Martinat|04 mars 2018,
Paris (VIe) le 3 mars. Julien Dray a élaboré un texte avec Stéphane Le Foll, le candidat qu’il soutient. LP/Yann Foreix
Julien Dray regrette que le parti ne se soit pas donné les moyens de se relancer plus vite après les défaites de 2017.
Conseiller régional PS d’Ile-de-France et ancien député, Julien Dray soutient Stéphane Le Foll pour le poste de Premier secrétaire du PS avant le prochain congrès, en avril, à Aubervilliers.
Quel bilan tirez-vous de la période qui s’est écoulée depuis la présidentielle?
Julien Dray. Au-delà des défaites subies par le PS, l’erreur principale a été de mettre en place un calendrier interminable au lieu de se plonger tout de suite dans une réflexion sérieuse pour pouvoir vite se remettre en situation. On a perdu un temps fou! Dans un monde qui va vite, la politique ayant horreur du vide, on a laissé le champ libre à d’autres.
Pourquoi le PS est-il si inaudible face à Emmanuel Macron?
On a laissé s’installer une sorte de partage territorial entre une opposition très radicale incarnée par Mélenchon et un gouvernement centriste libéral. C’est une situation inespérée et idéale pour Macron. Pour l’instant on assiste à un feu d’artifice d’annonces. Cela va-t-il donner lieu à des résultats réels ou est-ce juste une forme de bougisme? Il y a des rendez-vous qui arrivent, notamment en matière de pouvoir d’achat, surtout avec ce qu’on vient de faire subir aux retraités. Il est curieux de s’attaquer à eux, qui n’ont pas volé leur retraite, et non aux multinationales du numérique qui ne payent pas d’impôts ou au capital qui a été choyé depuis un an.
Olivier Faure a-t-il raison d’appeler au rassemblement du parti en vue du congrès ?
Non, ce discours qui consiste à dire on se rassemble, on se tient tous au chaud et on verra plus tard, c’est mortifère pour le parti. Rien de tel pour transformer le PS en astre mort ! La question n’est pas d’être rassemblés, c’est comment on va au combat ? Par exemple sur les retraites, sur le pouvoir d’achat…
Stéphane Le Foll apporte plus d’idées ?
Oui, c’est pour cela que je le soutiens. Je vais rendre public le texte que nous avons discuté ensemble. Sur la révolution numérique, la construction d’une nouvelle gauche européenne, la volonté d’identifier à nouveau la gauche sur un grand projet éducatif et culturel, vous verrez qu’il y a une belle feuille de route. C’est la réponse apportée à ceux qui m’ont brocardé sur les réseaux sociaux en faisant référence au Baron noir (NDLR : la série de Canal Plus qui aurait été inspirée par le personnage de Dray).
A propos, avez-vous vu la seconde saison du Baron noir ?
Oui, le retour en force de Kad Merad, sa formidable réhabilitation, j’ai tout vu ! (rires).
Le Foll n’est-il pas trop identifié à François Hollande ?
Je l’ai pensé au début. Mais pour les militants qui restent, Hollande ou pas Hollande, ce n’est plus leur débat. Le problème qu’ils se posent c’est : est-ce qu’on va avoir enfin un leader à la télévision qui va nous rendre fiers de nos idées et donner le sentiment qu’on se bat, avec une équipe autour de lui. Stéphane a montré qu’il en avait vraiment envie, il a une identité, il vient de province et n’a pas été formé par les grandes écoles. Il n’a pas non plus été chouchouté par l’appareil du parti qu’il a au contraire défié. Donnons-lui sa chance.
Faut-il clarifier la situation avec les ex-frondeurs qui sont restés au PS ?
On ne va pas passer notre temps à prendre des mesures disciplinaires. Il faut qu’au congrès ceux qui ont accepté la carte du PS jouent le jeu loyalement.
Vous tablez sur combien de votants le 15 mars pour le congrès ?
Ce congrès ne va pas être mémorable, c’est un congrès d’étape. On l’aura réussi si on a une équipe solide auprès d’une personnalité et une feuille de route claire. A partir de là, il y a un appareil à reconstruire en attirant une génération de jeunes militants. Et je milite aussi pour que nous ayons une télé du PS.