Lundi 19 mars, Brigitte et Emmanuel Macron recevaient les souverains du Luxembourg le grand-duc Henri et son épouse Maria Teresa pour une visite officielle. A leurs côtés, une importante délégation conduite par le chef du gouvernement Xavier Bettel. De quoi ravir la première dame qui ainsi a pu retrouver l’un de ses homologues préférés. En effet, interrogée par Paris Match sur la » première dame » avec qui elle s’entend le mieux, Brigitte Macron a préfèré évoquer le nom d’un « premier monsieur« , à savoir Gauthier Destenay, le mari de Xavier Bettel : « Je l’adore! C’est mon préféré » a-t-elle lâché avec enthousiasme.
Une complicité immédiate qui s’est nouée dès leur première rencontre en 2016 durant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Depuis, les deux couples se sont revus plusieurs fois, réaffirmant à chaque rencontre leur amitié, comme en août 2017 durant la visite du couple Macron au Luxembourg. Une « belle amitié avec Mme Macron » comme l’a expliqué Gauthier Destenay, qui saute aux yeux à la vue des photos prises lors de leurs différentes rencontres.
Gauthier Destenay, le mari du Premier ministre du Luxembourg, se confie
Paris Match|
Premier homme parmi les «femmes de», le mari de Xavier Bettel, chef du gouvernement luxembourgeois, affiche une simplicité rafraîchissante. Il se confie pour la première fois dans notre hors-série exceptionnel consacré aux premières dames.
Pour parler de la première dame française, il utilise son prénom, avant de se reprendre et d’évoquer sa «belle amitié» avec «Mme Macron». Parce qu’il est marié à Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg, Gauthier Destenay, 37 ans, est entré dans le cercle fermé des «premières dames». Les Anglo-Saxons ont trouvé un terme pour le désigner : First Gentleman. Il n’aime pas trop. «Je suis le mari du Premier ministre. Tout simplement. Ici, au Luxembourg, on a déjà une première dame, la grande-duchesse Maria Teresa et loin de moi l’idée de lui prendre sa place.» A défaut d’un statut officiel, Gauthier Destenay mise sur le relationnel. «Toutes ces réunions, ces événements où je suis invité me permettent de créer des liens avec les épouses, nous confie-t-il. Ça peut aider aux relations entre les différents pays…» Le monde l’a découvert en mai dernier, lors du sommet de l’Otan organisé à Bruxelles. Ce jour-là, aux côtés, entre autres, de Melania Trump et de Brigitte Macron –qu’il a rencontrée en 2016, pendant la campagne présidentielle française et revue plusieurs fois en marge de voyages officiels–, il visite le musée Magritte, une maroquinerie de luxe et les serres royales.
Le soir, invité par la reine Mathilde, il dîne avec les premières dames au château de Laeken. Seul homme au milieu de neuf femmes. «On a parlé de l’actualité, échangeant nos points de vue, raconte-t-il. J’ai appris des choses, notamment sur le harcèlement sur Internet, un sujet qui tient à cœur à Mme Trump.» En rentrant à l’hôtel le soir, ravi de cette journée, il se rend compte qu’il a été coupé sur les premières photos de groupe publiées dans la presse belge. «Je me suis dit que je n’aurais pas de souvenirs de ce moment, note-t-il philosophe. Mais les images non recadrées ont fait le tour du monde dans la nuit. Le lendemain matin, on a réalisé le buzz que ça avait créé.»
En images :Dîner d’Etat à l’Elysée pour le couple grand-ducal du Luxembourg
Les chaînes internationales le sollicitent. «On a tout refusé. L’image était tellement positive que j’avais peur que des interviews ne viennent la gâcher et agacent les gens. La photo est très belle, ça suffit», explique-t-il, démontrant un subtil sens de la communication. Son époux est le premier dirigeant de l’Union européenne marié à une personne de même sexe. Avant lui, en 2010, pour la première fois dans l’histoire, un chef d’Etat convolait en justes noces gays. Il s’agissait de Johanna Sigurdardottir, alors Première ministre islandaise. Elio Di Rupo, Premier ministre belge en poste de 2011 à 2014, avait, lui aussi, publiquement assumé son homosexualité, mais n’était pas marié.
Lorsque Gauthier Destenay rencontre Xavier Bettel en 2007, ce dernier n’est alors que simple député. En 2010, ils se pacsent. «Pour moi, c’était une certaine sécurité par rapport à notre situation», rappelle-t-il. Maire de la ville de Luxembourg, Bettel est désigné Premier ministre en octobre 2013. Huit mois plus tard, son pays devient le 11e de l’U.E. à autoriser le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. «C’est un hasard du calendrier, insiste Gauthier Destenay. La loi avait été préparée sous l’ancien gouvernement et mise en attente le temps que le nouveau soit nommé. Il aurait été injuste pour tous les couples qui voulaient en profiter de patienter sous prétexte que certains pourraient reprocher à Xavier de faire passer le mariage gay parce qu’il était lui-même concerné.» Le 15 mai 2015, les deux hommes se marient, devant plus de 250 invités. «Je le lui avais demandé dès 2012, confie Gauthier Destenay. On savait que la loi allait arriver… Je crois que c’est dans mon éducation, j’ai toujours eu envie de me marier.»
Il prend sur ses congés pour accompagner son époux
Architecte, né en Belgique de parents pharmaciens, il continue d’exercer. Il prend sur ses congés pour accompagner son époux et a la chance d’avoir, dit-il, «des associés très compréhensifs». Ses faits et gestes ne sont pas décortiqués comme ceux de la première dame française. «Il n’y a pas la même attente chez nous, pas la même pression. Pas de paparazzis ! précise-t-il. Nous vivons chez nous. Nous n’avons pas eu à déménager.» Il continue aussi à se balader seul dans les rues de la capitale. Jamais il ne s’est senti mal à l’aise dans une cérémonie officielle ou un sommet international : «J’y vais sans me poser de questions, sans me dire qu’il y a un message à faire passer. Mais si ça peut contribuer à faire évoluer les mentalités, tant mieux.» Pour le soixantième anniversaire de la signature du traité de Rome, il a été convié au Vatican par le pape, comme les conjoints des 26 autres dirigeants de l’Union européenne. Beaucoup y ont vu un signe d’ouverture. «Je vis des rencontres et des événements incroyables, conclut Gauthier Destenay. Parfois j’ai presque envie de me pincer pour vérifier que tout ça est bien réel.»