Attentats de Bruxelles : les dernières avancées de l’enquête

Frédéric Van LEEUW - © Malick MBOW
Frédéric Van LEEUW – © Malick MBOW

ETIENNE COMBIER / JOURNALISTE | LE 23/03

Le procureur du Parquet fédéral belge a fourni les premiers éléments de l’enquête sur les attentats meurtriers de Bruxelles. Des élements étoffés en début de soirée.

Au lendemain des attentats suicides qui ont fait 31 morts et 270 blessés selon un bilan toujours provisoire, le procureur du parquet fédéral de Bruxelles, Frédéric Van Leeuw, a donné les premiers éléments dont il dispose. On fait le point sur l’avancée de l’enquête.

Comment se sont déroulés les attentats ?

La première explosion meurtrière a eu lieu à hauteur de la rangée 11 du hall des départs de l’aéroport international de Bruxelles-Zaventem « à 7h58 et 26 secondes. Elle a été suivie, à hauteur de la rangée 12, par une autre explosion à 7h58 et 37 secondes », a expliqué le procureur du Parquet fédéral belge.

La deuxième attaque a visé le métro de Bruxelles à 9h11, au cœur du quartier européen de la capitale belge. L’explosion a eu lieu dans la deuxième rame, alors que le train quittait la station Maelbeeck, et qu’elle était encore dans la station.

Qui sont les kamikazes ?

Le procureur a confirmé que trois terroristes avaient été filmés par les caméras de surveillance de l’aéroport et que la photo qui circule est authentique. Sur ce cliché, on peut voir trois hommes, dont deux habillés de noirs et un en blanc.

L’homme à gauche est Najim Laachraoui, selon des informations du journal belge De Standaard confirmées officiellement mercredi en début de soirée. Des médias belges avaient fait état de son arrestation dans la matinée, avant que cette information soit démentie. Najim Laachraoui était lié à Salah Abdeslam ainsi que Mohamed Belkaïd, tué le 15 mars dernier lors d’une opération policière à Bruxelles. Cette nouvelle identification rapproche encore un peu plus les attentats de Bruxelles et ceux de Paris.

Au milieu, le second kamikaze a été identifié par ses empreintes digitales comme étant Ibrahim El Bakraoui, un Belge né le 9 octobre 1986. Quant au « troisième suspect, il est toujours en fuite ; il n’a pas été identifié, a assuré le procureur. Il a déposé dans l’aéroport un sac avec la charge explosive la plus puissante. » Cette dernière a explosé plus tard, lors de l’intervention des démineurs, sans faire de victimes.

Le quatrième homme impliqué dans les attentats est le frère d’Ibrahim El Bakraoui, Khalid, né à Bruxelles le 12 janvier 1989, également de nationalité belge. Khalid El Bakraoui a fait exploser sa charge dans le métro de Bruxelles. Il a lui aussi a été identifié grâce à ses empreintes digitales. « Les deux frères avaient de lourds antécédents judiciaires non liés au terrorisme », a reconnu le procureur.
Attentats de Bruxelles : la conférence de presse du parquet

L’un des kamikazes a-t-il été renvoyé de Turquie vers la Belgique ?

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim El Bakraoui est passé par la Turquie et aurait été renvoyé en Belgique. « Un de ceux qui ont participé à l’attaque à Bruxelles a été arrêté en juin 2015 à Gaziantep. Il a été expulsé le 14 juillet 2015 après information de l’ambassade belge », a déclaré le président turc devant la presse, ajoutant que les autorités belges n’avaient pas confirmé ses liens avec les jihadistes « malgré nos mises en garde ».

Des affirmations démenties par le ministre belge de la Justice Koen Geens. Interrogé par la chaîne de télévision VRT, il a estimé que « lorsqu’il a été renvoyé, ça aurait été, selon l’information que le parquet fédéral m’a communiquée, vers les Pays-Bas et non vers la Belgique ».

Qu’ont donné les perquisitions ?

La police belge a effectué des perquisitions au soir des attentats, dans le quartier de Schaerbeek. Grâce au témoignage d’un chauffeur de taxi ayant transporté les trois terroristes jusqu’à l’aéroport, les enquêteurs ont pu découvrir 15 kilos d’explosifs. Plus précisément, du peroxyde d’acétone (ou TATP en anglais), un explosif instable et peu détectable couramment utilisé par les terroristes.

La police a également découvert 150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des clous, des vis, des détonateurs et des engins pour fabriquer des explosifs – des bassines et des ventilateurs. Une deuxième perquisition n’a rien donné, en revanche un ordinateur appartenant à Ibrahim el Bakraoui a été retrouvé dans une poubelle de la rue, avec à l’intérieur son testament.

Dans ce document, visiblement confus, il déclare « être dans la précipitation, ne plus savoir quoi faire, être recherché partout, ne plus être en sécurité », il précise aussi que « s’il s’éternise, il risque de terminer à côté de lui dnas une cellule ». ce qui semble être une référence à Salah Abdeslam, arrêté vendredi dernier à Molenbeek, dans la banlieue de Bruxelles, après quatre mois de cavale.

Y a-t-il eu des interpellations ?

Une personne a été interpellée mardi soir et était toujours retenue par les services de police, mercredi en début de journée. On ne connaît pas pour l’instant son identité. Une autre personne a été interpellée, puis relâchée a fait savoir la police belge.

Quel est le dernier bilan ?

Les attentats ont fait 31 morts et 270 blessés, selon un dernier bilan officiel. « Ce chiffre risque encore malheureusement d’évoluer dans les heures qui suivent », a ajouté le procureur Frédéric Van Leeuw. On compte 10 Français parmi les blessés, dont 4 grièvement.

 

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *