Rixe à Orly entre Booba et Kaaris : les deux rappeurs se retrouvent au tribunal

Booba-Kaaris © Malick MBOW
Booba-Kaaris © Malick MBOW

Faits divers|Denis Courtine|03 août 2018, 21h05|MAJ : 03 août 2018,

 

Les deux rappeurs et neuf prévenus devaient être jugés vendredi pour leur implication dans l’affrontement de mercredi à Orly. L’audience, qui risquait d’être renvoyée, a débuté enfin à 21 h 40…

Chauffés par une après-midi entière dans le dépôt du palais de justice de Créteil (Val-de-Marne), les rappeurs Booba et Kaaris ainsi que neuf de leurs proches s’apprêtaient, vendredi soir à 21 h 40, à mener une joute oratoire inédite au tribunal correctionnel devant un public conquis.

Les deux clans répondaient de violences aggravées et de vols aggravés après la bagarre rangée survenue mercredi dans le hall 1 de l’aéroport d’Orly. Devant la boutique duty free, les rappeurs et leurs amis avaient échangé plusieurs coups. Des bouteilles de la boutique avaient volé, touchant même quelques protagonistes de la rixe. Des blessures plutôt légères avec un à sept jours d’incapacité totale de travail.

Les images de la bagarre entre Kaaris et Booba

Selon nos informations, le tribunal se dirigeait, vendredi soir, vers un renvoi du procès. C’était du reste la demande de l’avocat de Booba, Me Yann Le Bras, estimant qu’il n’était pas sage de juger onze personnes aussi tardivement avec autant de bandes de vidéosurveillance à examiner. D’ailleurs, les deux parties assuraient que les images plaidaient de toute façon en faveur de leurs clients. Avec le même argument massue : c’est l’autre camp qui a commencé.

1800 voyageurs pénalisés

Près de 1 800 voyageurs avaient subi en moyenne des retards s’élevant de quinze à trente minutes. Aéroports de Paris a du reste déposé plainte pour « trouble à l’ordre public avec préjudice d’image et financier », ainsi que « mise en danger de la vie d’autrui ». La bagarre avait en effet empêché, selon la société, la mise en place d’un périmètre de sécurité autour d’un bagage abandonné.

Une deuxième plainte avait été déposée par Air France. Selon la compagnie, les retards de ses appareils lui ont coûté 8 500 €. Le gérant de la boutique de duty free, qui a également déposé plainte, a lui fait état de 54 000 € de dégâts.

Frères ennemis

Finalement, le palais de justice de Créteil (Val-de-Marne) avait des airs de palais des Congrès, accueillant un concert inédit avec deux frères ennemis du rap sur la scène. Une centaine de personnes ont fait la queue pour assister à ce procès hors normes prévu dans la salle de la cour d’assises à la capacité d’accueil plus importante et disposant de deux box où étaient assis les prévenus des deux clans.

Parmi les spectateurs, une poignée de proches des prévenus, mais surtout des dizaines de fans ou de simples badauds. Il n’y avait d’ailleurs pas assez de place pour tout le monde. Jamais un tel dispositif policier n’avait été, semble-t-il, déployé au palais de justice de Créteil. « Cet après-midi, on ne fait pas notre boulot, soupire un fonctionnaire habitué à patrouiller dans tout le département. On nous a envoyés d’office pour cette histoire dont on se serait bien passé. » Un renfort policier a même été demandé avant le début de l’audience.

Costauds à barbe

A côté des policiers, des costauds à barbe, casquette et lunettes noires, pour la plupart des amis plus ou moins lointains des prévenus, attendent, eux aussi, leur procès. En grappes, des adolescentes sont venues dès 13 heures. « Je peux approcher Booba et Kaaris sans avoir à sortir un centime », triomphe cette jeune femme qui habite juste à côté dans le quartier du palais.

Même au dépôt du tribunal, l’ambiance était en mode show-business. A peine sorti du tribunal pour un vol à la tire, Mohammed était aux anges. « J’étais enfermé avec Booba, rayonnait le jeune homme. Il m’a souri quand je l’ai salué ! C’était mon plus beau procès. »

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