15/11/2018
En déplacement en Grèce pour deux jours, l’ancien président de la République a accordé une interview exclusive à BFMTV. François Hollande estime qui ne faut pas faire la leçon aux Français, mettant en garde contre le pouvoir qui « isole toujours ».
Un message à peine dissimulé à Emmanuel Macron. Depuis la Grèce, où il se trouve pour une visite de deux jours au cours de laquelle il doit notamment s’entretenir avec le Premier ministre Alexis Tsipras, François Hollande a répondu en exclusivité aux questions de BFMTV.
« Ne pas faire la leçon » aux Français
Au lendemain de l’interview d’Emmanuel Macron sur TF1, lors de laquelle le président de la République a appelé les Français à se « méfier » des récupérations politiques face au mouvement des gilets jaunes, François Hollande a glissé un message à peine voilé à son successeur.
« Les Français, je pense qu’il ne faut pas leur faire la leçon. (…) Il faut bien montrer qu’on connaît leur vie. Et c’est peut être ainsi qu’on arrive à se faire comprendre. Si on ne connaît pas leur vie, ça devient très difficile de répondre à leurs besoins », a fait valoir François Hollande.
« Le pouvoir isole toujours »
Alors qu’Emmanuel Macron a concédé mercredi qu’il avait échoué à réconcilier les Français avec leurs dirigeants, François Hollande souligne que « le pouvoir isole toujours ».
« Celui qui dirige n’est plus autant présent qu’il pouvait l’être quand il était un acteur politique. (…) Ce qu’il faut, c’est garder un lien et aller le plus souvent auprès des Français », a fait valoir l’ancien président socialiste. Avant d’ajouter: « Mais pas forcément dans des dialogues improvisés, mais en rencontrant ceux qui représentent les Français ».
Emmanuel Macron a réalisé la semaine dernière son périple mémoriel, un parcours de terrain dans le Nord et dans l’Est de la France, dans le cadre du centenaire de l’armistice de 1918. Une semaine au cours de laquelle le chef de l’Etat a été confronté à des expressions de colère de la part des Français.
« C’est pour ça que moi je suis très attaché à ce qu’on appelle les corps intermédiaires. Les syndicats, au-delà de leurs sensibilités, les organisations professionnelles, ceux qui représentent des secteurs d’activité, les élus locaux, il n’y a pas meilleurs intermédiaires que les élus locaux », a fait valoir François Hollande. « Je pense que le vrai changement, puisqu’il (Emmanuel Macron, ndlr) a souhaité qu’il y en ait, ça serait de renouer le lien avec les corps intermédiaires. Et de ne pas penser qu’il y a le Président d’un côté, et les Français de l’autre ».
« Il faut comprendre la colère »
Interrogé sur la colère de certains Français, et notamment sur le mouvement des gilets jaunes, qui protestent contre la hausse des prix du carburant, François Hollande a répondu qu' »il faut comprendre la colère qui parfois anime nos compatriotes. De façon à ce qu’ils puissent comprendre ce que l’on fait, et aussi eux même avoir la conviction que ceux qui dirigent, les observent, les regardent, les écoutent ».
« Il faut être capable, non pas simplement de répondre avec hauteur de vue, c’est nécessaire, mais aussi avec humanité, c’est indispensable. Et il y a dans le pays, moi je l’ai vu au cours de ces dernières semaines, de ces derniers mois, il y a un sentiment d’injustice auquel il faut absolument répondre », a martelé l’ex-chef de l’Etat.
A.S. avec Anne Saurat-Dubois