L’inconvénient de cette stratégie est que le pays est resté extrêmement dépendant des exportations de pétrole, “qui produisent l’essentiel des revenus du gouvernement. Les recettes du gouvernement sont donc sensibles aux amples cycles du prix de l’or noir”, souligne Eric Dor. La très forte baisse du prix du pétrole entre 2014 et 2016 a provoqué un effondrement des recettes du gouvernement du Venezuela. “Comme le gouvernement essayait de maintenir ses dépenses sociales, le déficit public a fortement augmenté. Le gouvernement a financé ce déficit public par des emprunts à la banque centrale, donc par une émission massive de monnaie nationale. L’émission démesurée de moyens de paiement sans contrepartie productive a provoqué une forte inflation, qui a induit une dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar. Ainsi, les prix en monnaie nationale des biens importés, payés en dollars, ont fortement augmenté ce qui a encore accru l’inflation. Cette mécanique, où augmentation de l’inflation et dépréciation accrue de la monnaie se renforcent l’une l’autre, fut vite hors de contrôle”, dénonce l’économiste. “En réaction, les gens se sont mis à vouloir convertir tout de suite en dollars sur le marché officieux, leurs salaires et autres revenus reçus en monnaie nationale, pour essayer de garder leur pouvoir d’achat. Il y a donc en permanence des ventes massives de monnaie nationale contre dollars, ce qui renforce encore la dépréciation et ensuite l’inflation. C’est ainsi que l’hyperinflation se diffuse toujours plus”, décortique-t-il.
>> A lire aussi – Pétrole, armes… La Russie risque de perdre des milliards au Venezuela !